Le Kempinski n’a pas changé. Ou si peu. Dans Berlin, où tant d’anciens grands hôtels sont rénovés, quand ils ne sont pas détruits, celui-ci est toujours là, dans le très bourgeois quartier de Charlottenburg, avec ses salons et ses moquettes qui en firent un lieu d’élite de Berlin-Ouest. Y aller aujourd’hui, c’est revenir au temps du Mur, pour qui l’a connu. Et c’est ce que fait Karin Wieland, dans la lumière feutrée d’un après-midi.
Aujourd’hui, elle est sociologue et sa blondeur se fond dans le décor. Elle nous parle d’une époque où elle avait les cheveux rouges, elle nous raconte son Berlin-Ouest, à des années-lumière de l’opulence du Kempinski : celui des squats des quartiers de Schöneberg – fief de David Bowie, de 1976 à 1979 – ou de Kreuzberg – le centre de la communauté turque.