Proche-Orient : l’attaque du 7 octobre 2023 met à l’épreuve l’« axe de la résistance »

Proche-Orient : l’attaque du 7 octobre 2023 met à l’épreuve l’« axe de la résistance »

Les massacres de civils israéliens perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023 et l’offensive dévastatrice conduite par l’armée israélienne à Gaza qui s’est ensuivie ont ravivé les interrogations sur une alliance qui traverse le Proche-Orient : celle qui rassemble les gouvernements et milices placés dans l’orbite de la ­République islamique d’Iran.

L’« axe de la résistance » est apparu tout d’abord de manière rhétorique dans la région en réponse à l’« axe du mal », planétaire, pointé par le président des Etats-Unis George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001. Il s’agissait alors pour ce dernier de dénoncer les régimes accusés de soutenir le terrorisme international et lancés, selon Washington, dans des programmes d’armes de destruction massive, de l’Irak à la Corée du Nord en passant par l’Iran.

Cet axe a pris une nouvelle consistance après l’invasion de l’Irak par l’armée américaine, en mars 2003, dont le résultat paradoxal a été d’ouvrir une brèche dans le front arabe longtemps maintenu face à l’hégémonisme prêté à l’Iran, avant même la révolution islamique de 1979. Le roi Abdallah II de Jordanie a été le premier, en 2004, à mettre en garde contre la constitution d’un « croissant chiite » reliant Téhéran à Beyrouth, par les milices chiites irakiennes favorables à l’Iran, le gouvernement syrien dirigé par Bachar Al-Assad, produit de la minorité alaouite (une secte chiite) du pays, et la milice chiite du Hezbollah libanais. Un an plus tard, évoquant lui aussi l’influence nouvelle de la République islamique, le roiAbdallah d’Arabie saoudite enjoignait confidentiellement Washington de « couper la tête du serpent ».

Cette alliance mise en place face au bloc des régimes sunnites, à l’exception du Qatar qui partage un gigantesque champ gazier off shore avec l’Iran et qui s’est inventé un rôle d’intermédiaire régional, a été renforcée à l’épreuve de la guerre civile syrienne. Le régime de Bachar Al-Assad, un temps aux abois, a dû sa survie au soutien militaire de son allié iranien, avant même l’intervention de la Russie à ses côtés. L’« axe de la résistance » s’est de même élargi au Yémen, à la même période, à la suite du renversement en 2012 puis de l’exécution, trois ans plus tard, du président Ali Abdallah Saleh.

Dans ce pays qui compte parmi les plus pauvres de la planète, comme au Liban dans les années 1970 avec le « mouvement des déshérités » de l’imam Moussa Sadr, une résurgence politique liée à un particularisme chiite, le zaïdisme, a été dopée par un sentiment de marginalisation sociale. Elle s’est traduite dès 2003 par une insurrection armée concentrée tout d’abord dans le nord de l’Arabie Heureuse négligé par les autorités de Sanaa. Dès son émergence, elle s’est structurée idéologiquement sur la dénonciation des Etats-Unis et de son allié israélien, facilitant la jonction avec Téhéran, qui a vu une aubaine dans l’installation d’un foyer de contestation antioccidental à la frontière d’un autre allié de Washington, l’Arabie saoudite.

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