« On viendra vous chercher ! » Quand on leur a dit ça, c’était au printemps et, vus depuis Paris, les 35 kilomètres entre la gare et la maison de vacances avaient, sur la carte, la taille d’un ongle. Puis, au début du séjour, quand on est encore tout seul ou à deux, la perspective de faire ces kilomètres pour avoir une joyeuse bande dans les murs, ça semblait bien le minimum.
Entre-temps, d’autres copains, d’autres cousins sont arrivés. Au début, tout le monde avait levé la main. « Bien sûr qu’on ira les chercher ! » C’était avant qu’on comprenne que, dans « on », il y aurait surtout ceux qui ont leur permis de conduire, forcément. Quelques jours avant le jour J, ceux qui sont déjà présents dans la maison de vacances sont ligués face aux futurs arrivants : « Le service d’autocar, tu es certain qu’il ne fonctionne pas le dimanche ? Ce serait quand même pratique… »
Le jour où déboulent les nouveaux, plus personne n’est disponible. Beaucoup n’ont même pas passé leur code. Et puis, le matin, ça tombe mal parce que quand même c’est les vacances. L’arrivée en journée ne convient pas mieux, cela interrompt la balade ou la virée à la plage. En soirée, cela menace l’apéro… Pourtant, il faut décider qui s’y colle et surtout qui décide de qui s’y colle. Chacun brandit son joker (« j’ai oublié mon permis », « j’ai déjà bu deux verres de blanc », « je n’aime pas conduire la nuit », « je suis plus à l’aise sur des automatiques »).Et, soudain, chaque adulte devient soucieux de savoir si la voiture est bien assurée si c’est lui qui la conduit.