Tout le monde les veut. A l’heure de la formation des groupes à l’Assemblée nationale, dans un paysage parlementaire plus morcelé que jamais, les vingt-sept députés d’outre-mer retrouvent une position-clé.
Non qu’ils souhaitent constituer un groupe pivot spécifique – seul Olivier Serva (Guadeloupe) milite avec constance pour cette idée peu consensuelle, souhaitant, mercredi 10 juillet, que son groupe, Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT) « devienne le réceptacle naturel pour les élus d’outre-mer », en « continuant à être au centre du débat politique national ».
Mais les élus de la France lointaine savent que leurs votes vaudront de l’or. Chacun garde en tête une période comparable, en 1988, sous le gouvernement du socialiste Michel Rocard, quand chaque texte porté dans l’Hémicyle donnait lieu à négociations, moyennant parfois l’octroi d’une route ou d’une gendarmerie dans les territoires.
Dans la législature précédente, les ultramarins ont pratiqué une grande unité contre la « verticalité » du pouvoir macronien et le « manque de considération » réel ou supposé de la majorité pour leurs dossiers. Les sujets de la vie chère, des services publics ont soudé les rangs par-delà les groupes de l’Assemblée.
Depuis 2022, ces parlementaires ont siégé en majorité dans l’opposition : trois à La France insoumise (LFI), dix au groupe communiste Gauche démocrate et républicaine (GDR), quatre chez les socialistes, cinq à LIOT, trois chez Renaissance, un au MoDem et un chez Les Républicains (LR).
Une des nouveautés du dernier scrutin vient de la droite, où LR a perdu le Mahorais Mansour Kamardine au profit d’une députée Rassemblement national (RN). Marine le Pen, réélue mercredi 10 juillet présidente du groupe RN à l’Assemblée, s’est « particulièrement » satisfaite, le même jour, de la présence de ses deux premiers députés ultramarins, Anchya Bamana (Mayotte) et Joseph Rivière (La Réunion). « C’est le début de quelque chose qui se construit au fur et à mesure, un lien de confiance avec nos compatriotes d’outre-mer », a-t-elle souligné.
LIOT, amené à perdurer comme groupe pivot, espère compter six ultramarins parmi dix-sept à vingt-trois députés (mais en comptant que trois socialistes pourraient le quitter). Si la Réunionnaise Nathalie Bassire s’est fait battre, le groupe garde Estelle Youssouffa (Mayotte), Stéphane Lenormand (Saint-Pierre-et-Miquelon) et Max Mathiasin (Guadeloupe). Il mise sur deux autres élus, possiblement les deux autonomistes polynésiens Nicole Sanquer et Moerani Frebault. Cible possible, Frantz Gumbs (Saint-Barthélemy et Saint-Martin) a affirmé, lui, qu’il « continuerai[t] à travailler avec le groupe MoDem ».