Ce que j’ai préféré dans ma vie, c’est mon enfance. J’ai grandi à Kaboul, en Afghanistan, entre deux grandes sœurs, un frère un peu plus jeune que moi, et une petite sœur. Dans notre culture, même quand ça ne va pas, même quand il y a la guerre, on reste ensemble. Toujours en famille, soudés, avec les parents, les cousins, les oncles et tantes, les grands-parents. On se réunit, quoi qu’il arrive, pour manger ensemble autour de grandes nappes étendues au sol.
Le repas, c’est le ciment familial. Je n’ai plus jamais goûté à cette insouciance, on courait partout comme des fous, sans conscience du monde qui nous entourait. Vers 12 ans, j’ai commencé à sentir que les choses changeaient, que je devenais une jeune fille, et que cela venait avec des contraintes. On apprend à se méfier un peu plus de l’entourage, à s’adapter à ce que l’on attend de nous, à se comporter différemment.