En quelques jours, plus de 2 millions de citoyennes et de citoyens ont signé, sur le site de l’Assemblée nationale, une pétition contre la loi Duplomb – un record historique, sans relais associatif ni médiatique initial notable. Ce raz-de-marée populaire résonne dans nos communes, là où nos administrés expriment chaque jour leurs inquiétudes face à la détérioration de la santé environnementale.
Depuis des années, nos villes et intercommunalités s’engagent résolument dans une trajectoire sans phytosanitaires. Dès 2019, un collectif de 120 maires demandait l’interdiction du glyphosate sur leurs territoires, jusqu’au Conseil d’Etat. Car nous, élus – notamment dans les zones agricoles – sommes régulièrement alertés par les citoyens et les agences régionales de santé sur la disparition massive des abeilles, la progression du nombre des cancers et la baisse de la fertilité. Ces alertes sont fondées : selon une étude parue dans Nature Communications en 2017, les populations d’insectes volants ont chuté de 75 % en Europe occidentale en moins de trente ans. Parallèlement, l’Inserm alerte sur la hausse préoccupante des cancers pédiatriques et des troubles de la fertilité, liés à l’exposition chronique à certains produits chimiques.
Le 5 juin encore, des médecins alertaient sur la contamination généralisée du blé au cadmium, métal lourd toxique. Le 22 juin, vingt-deux sociétés savantes médicales s’élevaient contre les dangers du projet de loi Duplomb.
Ces questions ne peuvent plus être ignorées : il faut y apporter des réponses urgentes. L’avenir de nos enfants en dépend. Elles n’opposent pas deux France fictives, celle des villes, qui serait oisive et consommatrice, à celle des champs, productive. Elles exigent de repenser, pour le bien commun, le mariage forcé néfaste entre une agriculture qui pèse 88 milliards d’euros et une industrie agroalimentaire qui en pèse cinq fois plus.
Nous, élus locaux, portons ces enjeux dans nos territoires. Par nos soutiens aux circuits courts et à l’agriculture biologique, par nos politiques de protection des pollinisateurs, par nos engagements pour la gestion publique de l’eau et l’amélioration de sa qualité. Partout en France, nous engageons la reconquête de nos cours d’eau : pour la baignade, la santé publique et la biodiversité. Des rivières naguère polluées sont rendues accessibles, comme la Seine à Paris, la Marne ou l’Allier, où des efforts soutenus permettent le retour de la faune aquatique.