Après la Nouvelle-Zélande, place à l’Angleterre : la Coupe du monde féminine de rugby commence, vendredi 22 août outre-Manche, par le match opposant la sélection locale, surnommée les Red Roses, aux Etats-Unis, à Sunderland, à 20 h 30 (heure française). Pendant cinq semaines, soit jusqu’au 27 septembre, les 16 meilleures équipes de la planète lutteront pour décrocher le trophée suprême, tout en tentant de braquer les projecteurs sur une discipline qui ne demande qu’à prospérer.

Deux mois avant le coup d’envoi du tournoi, Jean-Marc Lhermet, le vice-président de la Fédération française de rugby (FFR), assurait que « tout était mis en place » pour que les Bleues terminent ce Mondial « sur la plus haute marche du podium ». Cependant, ajoutait-il, pour que les « ambitions soient remplies », le groupe de Gaëlle Mignot et David Ortiz « vise le dernier carré ». Le parcours du XV de France lors des précédentes éditions de la compétition incite à l’optimisme sur ce point, avec huit demi-finales disputées sur neuf possibles. Cependant, les Bleues n’ont jamais dépassé ce stade. En 2022, la Nouvelle-Zélande leur avait barré sur le fil l’accès à la finale (24-25).

« Outsider », selon Gaëlle Mignot, la France commencera sa phase de poules par un match contre l’Italie, samedi 23 août. Suivront des rencontres contre le Brésil et l’Afrique du Sud, avant un potentiel quart de finale contre l’Irlande. Si elles franchissaient ces différents obstacles, Manae Feleu et ses coéquipières pourraient retrouver les Anglaises au tour suivant.

Déjà deux fois championne du monde (1994, 2014), vainqueure des sept dernières éditions du Tournoi des six nations, meilleure nation au classement de la Fédération internationale (World Rugby), l’Angleterre s’annonce comme la grandissime favorite pour le sacre à l’issue de ce tournoi, disputé devant son public. Les Red Roses s’appuient sur des joueuses expérimentées, frustrées par des défaites en finale lors des deux dernières Coupes du monde, et qui ont fait de cet événement l’objectif d’une carrière. « C’est un privilège d’avoir cette pression. Nous l’avons méritée au cours des trois dernières années. Mais il est important de garder les pieds sur terre, d’aborder chaque match en restant concentrés sur le moment présent », déclarait le sélectionneur John Mitchell, au début du mois d’août, après avoir vu son équipe étriller la France en match amical (40-6).

Si elles atteignaient la finale, les Anglaises pourraient s’offrir une revanche face à la Nouvelle-Zélande, qui les avait privées du trophée en 2022. Bien que tenantes du titre, les Black Ferns abordent, quant à elles, le tournoi sans certitude, ayant même été doublées au classement mondial par le Canada – une équipe en pleine progression, qu’elles pourraient retrouver en demi-finales. Cependant, les Néo-Zélandaises pourront toujours s’appuyer sur leur science de cette compétition, dont elles ont remporté six des sept dernières éditions.

A un mois du début du tournoi, 330 000 billets avaient déjà été vendus : du jamais-vu pour une Coupe du monde féminine de rugby. En décembre 2024, les organisateurs avaient déjà rapporté avoir reçu des demandes émanant de 72 pays. Si quelques places restent encore à distribuer, les huit stades qui accueilleront des rencontres lors des cinq semaines de compétition ne devraient pas sonner creux, même quand les Anglaises ne seront pas sur la pelouse. L’entrain général est aussi dopé par la présence de vedettes, à l’instar de la centre de l’équipe des Etats-Unis Ilona Maher, forte de plus de 5 millions d’abonnés sur le réseau social Instagram et 3,6 millions sur TikTok.

En France, la compétition sera diffusée sur les antennes de TF1 et France Télévisions, et ne souffrira pas du décalage horaire, comme cela a été le cas, il y a trois ans, en Nouvelle-Zélande. Il reste à savoir si la réalité sportive sera à la hauteur des attentes : en 2022, la compétition n’avait pas offert beaucoup de surprises jusqu’à la finale (l’écart au score avait, par exemple, été de 36 points en moyenne lors des quarts).

En Angleterre, en France ou ailleurs, l’espoir est le même : que ce tournoi serve de catalyseur au rugby au féminin. « Ça va [lui] donner de l’élan », veut croire l’ouvreuse française Lina Queyroi, qui se souvient du précédent de 2014, quand la France avait accueilli la compétition. « C’était une des premières fois qu’on voyait des matchs de rugby féminin à la télévision. Cela avait été bénéfique. »

Un intérêt accru pour la discipline se traduira probablement par plus de billets vendus, l’arrivée de nouveaux sponsors dans les clubs… et donc davantage d’argent pour développer les différents championnats. En espérant toutefois que le soufflé ne retombera pas, une fois le Mondial terminé. Ce gain de popularité pourrait aussi pousser les diffuseurs à offrir plus de places sur leur grille au rugby féminin, à l’image de Canal+ pour l’Elite 1 française, qui a déjà commencé à programmer quelques rencontres de la dernière saison.

Le président de la FFR, Florian Grill, imagine déjà un cercle vertueux et une razzia sur les licences. « On a 53 000 licenciées aujourd’hui. L’objectif, à terme, c’est 100 000. » Avoir plus de pratiquantes permettrait, selon lui, d’offrir de meilleures conditions aux équipes, notamment en favorisant une nouvelle densité géographique et en évitant aux joueuses de longs périples en bus chaque week-end.

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