Faut-il s’attendre à des faillites en série dans l’économie sociale et solidaire (ESS) ? C’est ce que craignent les acteurs de l’ESS, cet univers d’entreprises et d’associations qui facilitent l’insertion, accueillent des personnes âgées dépendantes, accompagnent des jeunes ou encore entretiennent le lien social. L’écosystème affronte « coupes budgétaires, raréfaction des subventions, désengagement croissant de l’Etat et des collectivités », dénoncent, dans un projet de tribune non encore publié, treize signataires, aux premières loges pour le constater.
« Ce que l’Etat retire d’une main, aucun investisseur, aussi engagé soit-il, ne pourra le compenser de l’autre. Une baisse des financements publics crée ainsi un cercle vicieux, entraînant inévitablement une baisse de l’impact des fonds privés », alertent-ils. Parmi les signataires : Laurence Moret, dirigeante de la Fondation du Crédit coopératif, ou Thierry Sibieude, président de FAIR, l’association qui gère le label de la finance solidaire Finansol.
« Le désengagement progressif de l’Etat, de ses agences et des collectivités locales, engagé au début des années 2000, s’accélère », déplore également Patrick Sapy, directeur général de FAIR. Mi-mars, la moitié des demandes de renouvellements de subventions publiques n’avaient pas encore abouti, 5 % avaient été refusées, et 45 % de celles acceptées étaient en baisse, selon une étude de l’Observatoire régional de la vie associative.
Cette tendance de fond a connu un paroxysme avec l’annonce par la région Auvergne-Rhône-Alpes, en avril, de baisses drastiques des subventions au milieu associatif. Benoît Hamon, le président d’ESS France, la chambre française de l’économie sociale et solidaire, lui aussi signataire de la tribune, s’en indigne : « Sans l’ESS, des millions de Français n’auraient pas accès à des droits inscrits dans la Constitution », cingle l’ancien ministre, selon qui « l’Etat transfère de plus en plus sa mission de service public aux entreprises et associations de l’ESS ».