Depuis sa terrasse, à Villa San Giovanni, en Calabre, Ciccio Marino admire le détroit de Messine et ses courants étirés en nuances de bleu devant le cap Peloro, pointe ultime de la Sicile. Depuis toujours, il chérit cet horizon peuplé de lents cargos et parfois visité par les chasseurs d’espadons qui brandissent leurs harpons de leurs feluca colorés, embarcations au vieux nom arabe bientôt abandonnées à l’inertie du folklore.

« Le détroit est une présence amie », confie ce pompier de 49 ans, une présence qui serait menacée toutefois par le réveil d’un vieux spectre. Matteo Salvini, vice-président du conseil, a relancé le projet d’un pont vers la Sicile. Chef de la Ligue, tenant de la droite radicale au gouvernement de Giorgia Meloni, il veut réaliser le rêve des maîtres du détroit depuis le IIIe siècle avant J.-C., quand les Romains y jetèrent un pont flottant pour faire passer un butin de 142 éléphants, à en croire Pline l’Ancien.

Charlemagne, les Normands puis les Bourbons et le royaume d’Italie ont entretenu ce même désir de soumettre la géographie. La République aussi. En 1983, un épisode de l’édition italienne du Journal de Mickey imaginait déjà le milliardaire Picsou se lancer dans l’entreprise.

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario