Lucie (les personnes citées par leur seul prénom ont requis l’anonymat) a connu une ascension sociale. A 33 ans, plus diplômée que ses parents – son père est titulaire d’un BEP, sa mère a arrêté l’école avant le brevet –, cette enseignante dans le secondaire à Tours gagne mieux sa vie qu’eux au même âge, avec un salaire d’environ 2 500 euros net par mois, heures supplémentaires comprises. Et pourtant. « Mon niveau de vie est bien inférieur », constate-t-elle au regard de son pouvoir d’achat réel, grevé par l’inflation et par le coût du logement, bien plus élevé qu’il y a quelques décennies. « A mon âge, mes parents étaient déjà propriétaires d’une maison, moi j’arrive tout juste à épargner », résume-t-elle.
La jeune femme loue un appartement de 40 mètres carrés à une heure de son lieu de travail, pour 600 euros mensuels. « Je voudrais bien bouger, mais je ne trouve quasi rien. Quant à l’achat, ce n’est pas la peine d’y penser, les conseillers bancaires me demandaient un apport de 30 000 euros », raconte Lucie, qui a aussi renoncé à acheter une voiture – trop chère en entretien et en carburant. Face à cela, elle se heurte à l’incompréhension de ses parents, assistante maternelle et ex-employé de banque, aujourd’hui âgés de 60 ans et 62 ans : « Ils raisonnent encore avec leurs référentiels de l’époque, quand les loyers n’étaient pas si élevés, et l’épargne correctement rémunérée. »