Maud ne joue que pour gagner. Pas pour le plaisir de jouer. Initiée par son père aux jeux de société, aux jeux de cartes, puis aux échecs, l’enfant trouve dans ces sessions l’occasion d’une harmonie familiale que les conversations ordinaires peinent à mettre en place. Les jeux, avec leurs règles, mettent de l’ordre dans le chaos.
« J’avais un amour inconditionnel des règles, raconte la narratrice de La Mauvaise Joueuse, troisième roman de Victor Jestin. La qualité d’une règle ne se mesurait pas à son inventivité, ni à sa drôlerie, ni à sa supposée justesse, mais au simple fait d’être une règle, autrement dit de tracer dans le monde une sorte de ligne claire. » L’esprit de compétition lui assure d’abord une place enviable parmi ses amies : elle est le leader, celle qui organise les équipes. Avant qu’au collège les formes de sociabilité ne se modifient, plus personne n’ayant envie de jouer à l’épervier dans la cour de récréation.