Sur les rives du fleuve Saint-Laurent, à quelques dizaines de kilomètres de Montréal, pelleteuses et ouvriers défilent sur un chantier entamé à la fin de septembre. C’est ici, à Contrecœur, une paisible municipalité québécoise de 10 000 habitants, qu’un immense terminal de conteneurs devrait voir le jour d’ici à 2030.
Dans les cartons depuis la fin des années 1980, le projet a reçu un coup d’accélérateur en septembre. Après des décennies de latence, le gouvernement fédéral l’a désigné comme l’un de ses dix « projets d’intérêt national prioritaires ». Une liste conçue par Ottawa en réponse à la guerre commerciale déclarée par les Etats-Unis. Ce vaste plan d’infrastructures, adopté en juin par la loi dite « C-5 », a été érigé en « priorité absolue » par le premier ministre, Mark Carney. Il vise à insuffler au Canada un nouvel élan économique et, surtout, à lui garantir une plus grande autonomie vis-à-vis de son voisin du sud.
Concrètement, cette loi accorde au gouvernement des pouvoirs élargis pour accélérer les délais d’approbation de grands projets et contourner certaines réglementations, notamment environnementales. Dans la ligne de mire d’Ottawa figure, par exemple, une mine de cuivre dans les Prairies canadiennes, un mini-réacteur nucléaire en Ontario, ou encore un terminal d’exportation de gaz naturel liquéfié sur la côte ouest, en Colombie-Britannique. Au cœur du fleuve Saint-Laurent – corridor économique du Canada –, le futur terminal de Contrecœur est le symbole de cette nouvelle politique économique ambitieuse. Une fois construit, le terminal pourrait accueillir jusqu’à 1,5 million de conteneurs par an, et ainsi accroître de 60 % la capacité du port de Montréal situé en amont du fleuve.