Sept romans, un récit… Voici les brèves critiques de huit ouvrages notables de la rentrée littéraire en cette trente-neuvième semaine de l’année.
Voici un récit aussi singulier que le parcours de son auteur. Né et ayant grandi en Estonie, Nikolaï Baturin (1936-2019) a beaucoup voyagé, notamment en prenant part aux expéditions géologiques en Sibérie, où il a ensuite vécu plusieurs années en tant que trappeur, avant de s’installer en ermite dans sa ferme estonienne. Sa fascination pour la Sibérie s’enracine aussi dans son histoire familiale, son père y ayant été déporté par les autorités soviétiques.
Le protagoniste de cette épopée, le jeune Niika, est également attiré par les espaces sibériens, pour des raisons essentiellement spirituelles : le désir de fuir la ville pour retrouver la plénitude de l’existence. Son séjour dans la taïga prend vite des allures de quête initiatique, amenant le lecteur aux croyances traditionnelles du peuple evenk. Nourri des expériences mystiques de l’auteur, le roman offre une synthèse peu commune d’ésotérisme et de réalisme. On y trouve un côté ethnologique – de nombreux mots du dialecte evenk donnent lieu à un glossaire en fin du volume – et la volonté de faire connaître ces régions difficilement accessibles, gorgées de mystères et de beautés qui ne se révèlent qu’au regard d’initié. E. Ba.