« Tocqueville », de Françoise Mélonio : la chronique « histoire » de Roger-Pol Droit

Derrière chaque grand œuvre, un être de chair et de sang. Dans chaque idée neuve, l’aboutissement d’un parcours de vie, d’une trajectoire intime, d’expériences existentielles. Chacun le sait, évidemment. Mais on l’oublie, ce qui réduit la pensée à une façade factice, dépourvue d’arrière-plan. Voilà ce qui rend les grandes biographies indispensables. Elles ne parlent pas simplement d’une personne, des méandres d’une vie, des tribulations d’un individu dans telle contrée ou telle époque. A partir d’infimes détails singuliers, elles éclairent l’engendrement de propos universels.

De ce point de vue, la magistrale évocation de Tocqueville que propose Françoise Mélonio est exemplaire. On y découvre pas à pas, année par année, comment un jeune aristocrate, issu d’une vieille famille normande, né à Paris en 1805, rédige à 30 ans l’éblouissant De la démocratie en Amérique et devient l’analyste le plus aigu des mutations politiques de la modernité. Sa force principale : avoir vu dans la montée en puissance de l’idée d’égalité le moteur de l’histoire politique et sociale contemporaine, mais avoir compris aussi, avant tout le monde, ses dérives possibles et ses dégradations inéluctables.

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