C’est l’histoire d’une période grise. Comme le clair-obscur des entre-deux historiques, d’où peuvent surgir les monstres. Dans sa nouvelle trilogie entamée, début 2025, avec Bleus, blancs, rouges (Flammarion), Benjamin Dierstein raconte les coulisses du pouvoir français entre la fin des années 1970 et 1984.
Ce projet trotte dans la tête du romancier de 42 ans depuis toujours. Le choix de cette période charnière, couvrant la fin des années Giscard et l’arrivée de la gauche au pouvoir, « avait quelque chose d’évident, explique-t-il au “Monde des livres”. Il y a la bascule de 1981, avec l’élection de Mitterrand, les années de plomb à la française avec Action directe et Carlos, mais aussi le bouillonnement culturel. C’est l’émergence du punk, du disco, d’une intense vie nocturne avec des endroits comme le Palace [boîte de nuit parisienne] ».
Autre avantage : cela permet de mettre en scène les personnages de la précédente trilogie – La Sirène qui fume, La Défaite des idoles (Nouveau Monde, 2018 et 2020) et La Cour des mirages (Les Arènes, 2022) –, qui se déroulait dans la France des années 2010, en les présentant jeunes, commençant leurs activités criminelles. Soit la création d’un univers complet, mêlant fiction et événements réels, sur une période de près de quarante ans, où se déploie une véritable contre-histoire politique. Les protagonistes sont des petites mains, des demi-soldes, des flics corrompus et autres apprentis révolutionnaires. Ils croisent la route de Charles Pasqua, Pierre Joxe, François Mitterrand, Ali Bongo, Jacques Chirac ou Valéry Giscard d’Estaing.