« J’avais l’impression d’être hors du temps » : pour souffler ou apaiser leurs souffrances psychiques, de nombreux jeunes optent pour la retraite en monastère

« Vous voulez savoir à quel point les choses vont mal ?, demande MC, New-Yorkaise de 28 ans, dans un TikTok devenu viral. J’ai voulu réserver une place au monastère pour l’été, et je viens d’avoir un mail des nonnes m’informant que le lieu est complet pour les trois prochains mois pour les personnes voulant faire vœu de silence. » Visionnée plus de 1 million de fois, la vidéo a suscité de nombreux commentaires. Des utilisateurs du monde entier y font part de leur désir partagé de rejoindre un lieu religieux : « J’ai tellement besoin de ça et pourtant je ne suis pas croyant » ; « il y a un monastère en Italie où j’essaie d’aller depuis trois ans, ils sont toujours complets ».

Alors qu’elles peuvent paraître d’un autre temps, les retraites monastiques attirent de plus en plus de jeunes adultes – croyants ou non –, en quête d’une parenthèse paisible, à bas coût (les contributions financières y sont souvent libres ou aux environs de 30 euros la nuitée). Une tendance que Nicolas Chatain et Valentine Dehont, anciens élèves de HEC, ont bien sentie, en lançant Ritrit. Fondée en 2018, la start-up associative constitue un équivalent monastique d’Airbnb, pensée pour faciliter la relation entre les établissements religieux et les jeunes générations. Depuis le confinement, les demandes de réservation sur la plateforme, qui recense 150 lieux de retraite, ne cessent de grimper. Augustin Marbacher, directeur de la structure, évoque 16 000 demandes en 2022 et… 76 000 en 2024, avec 59 % des demandeurs qui ont moins de 39 ans. Du côté des établissements religieux, beaucoup ont affiché complet à l’été 2024.

Face à l’agitation d’un monde ultraconnecté et rempli d’injonctions à la productivité, le réveil au chant du coq, les journées cadrées et les silences de cathédrale semblent faire rêver une jeune génération frappée par une perte de sens et une dégradation de la santé mentale. Selon un rapport de Santé publique France, publié en 2023, un jeune sur cinq aurait connu un épisode dépressif en 2021. Dans ce contexte d’instabilité, de manque de repères, voire de souffrance, les lieux religieux se retrouvent perçus non plus comme de simples espaces de repos, mais comme des solutions à des crises existentielles profondes, traduisant une forme de psychiatrisation non encadrée de la sphère monastique.

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