Il y a cinq ans, la vie d’Alexis Ragougneau s’est brutalement rétrécie, réduite à des horizons limités. « Un ratatinage », dit-il. Du jour au lendemain, l’écrivain s’est mis à mesurer chaque geste de son quotidien en minutes et en centaines de mètres. Combien de temps avant d’avoir mal ? Dix minutes de marche, au mieux. Quelle distance, pour un simple trajet à pied, avant d’être rattrapé par la souffrance ? Un kilomètre et demi, tout au plus. « Quand je suis assis, ça va, raconte-t-il, assis dans le fauteuil de son salon, au rez-de-chaussée de son petit duplex, à Versailles, près de Paris. Mais, dès que je me mets debout, cela force sur mon aine et j’ai mal. C’est moins fort le matin que l’après-midi. »
A 52 ans, Alexis Ragougneau est « condamné » à ne jamais s’éloigner du quartier où il habite, non loin du château. Tous les matins au réveil, l’auteur de romans remarqués – Evangile pour un gueux (2016), Niels (2017), Opus 77 (2019), édités chez Viviane Hamy –, dont certains sélectionnés pour des prix prestigieux, comme le Femina ou le Goncourt, s’oblige à une courte promenade, jamais plus d’une demi-heure et toujours avec des pauses. Sa seule échappatoire est la gare de RER située près de son domicile, qui lui permet d’aller déjeuner à Paris, près d’un des arrêts de la ligne C.