Cette image-là ne figure pas dans l’exposition « Terre des hommes. Riad Sattouf illustre Saint-Exupéry ». Mais peut-être ne serions-nous pas là, à la Galerie Gallimard (Paris), sans elle. Le photographe canadien Basil Zarov l’a prise peu avant la mort de son modèle, en 1944, et Riad Sattouf l’a suspendue au-dessus de son bureau il y a vingt ans. « Quand je me déconcentre et que je tombe sur le visage buriné, marqué par la vie, de Saint-Exupéry, ça me recentre. Je pense aux choses qu’il a faites et à celles qu’il n’a pas pu faire, ça allume des choses dans mon cerveau. » Le dessinateur, qui, enfant, avait la cassette du Petit Prince (1943) lu par Gérard Philipe, a rencontré l’aviateur-écrivain de manière plus déterminante dans une bibliothèque municipale de Rennes, à 15 ans, en ouvrant Terredes hommes (Gallimard, 1939).

Antoine de Saint-Exupéry a composé ce « chef-d’œuvre involontaire » en assemblant différents récits et articles sur son expérience de pilote dans l’aviation postale, de Toulouse à la cordillère des Andes en passant par le Sahara. Un jour qu’il regardait une fois de plus le portrait pris par Zarov, Riad Sattouf, né en 1978, s’est rendu compte qu’il était désormais plus âgé que son héros à sa mort, à l’âge de 44 ans. C’est ce qui lui a donné assez de confiance pour demander aux ayants droit de l’écrivain et aux éditions Gallimard l’autorisation d’illustrer Terre des hommes, ce texte qui « ne porte pas seulement sur l’aviation, mais utilise aussi l’avion comme métaphore de la manière dont on dirige ou pas sa vie, ses amitiés, son espoir et son désespoir ». Autorisation accordée, d’où sont nés ce livre (288 pages, 26 euros) et l’exposition.

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