Un curriculum comme LinkedIn en raffole, alignant les expériences et les expertises les plus respectables : de prime abord, Nicola Sacco a tout de l’employé modèle. Sauf que, en bon chargé de communication visuelle, il a pris l’habitude de photographier son environnement de travail. Et ses images distillent, en douce, une mélancolie tenace.
Il faut dire que le Piémontais, âgé d’une quarantaine d’années, n’exerce pas son métier n’importe où. Depuis 2007, il fait partie des 10 000 travailleurs qui se croisent, chaque jour ouvré, à Metanopoli, dans la périphérie de Milan. Trois ans durant, il a même vécu là, parmi les 6 000 habitants de ce quartier de San Donato Milanese. Qu’ils soient actifs ou à la retraite, tous, ou presque, ont lié leur destin à l’Ente nazionale idrocarburi (ENI), le géant italien de l’énergie.
Nicola Sacco, pour sa part, a d’abord été rattaché à la Saipem, la filiale spécialisée dans le forage, avant de rejoindre, en 2010, la branche responsabilité sociale des entreprises de la multinationale. Ses images, il les a prises, sitôt embauché, sur son temps libre.
Que montrent-elles ? Des immeubles aux lignes géométriques, abritant bureaux et logements ; des espaces verts à foison, dont un vaste complexe sportif ; quelques commerces regroupés dans une zone ad hoc ; une enfilade de rues propres et ordonnées… A première vue, rien qui ne distingue Metanopoli d’autres banlieues résidentielles et d’autres quartiers d’affaires européens, érigés dans la croissance échevelée de l’après-guerre.