Traditionnel rendez-vous de l’automne, qui annonce paradoxalement le début de vacances bien méritées pour l’ensemble du peloton, la révélation du parcours de la prochaine édition du Tour de France s’est déroulée, jeudi 23 octobre, au Palais des congrès de Paris. Quatre jours après la fin de la saison, les coureurs savent désormais à quoi ressembleront, du moins pour les plus chanceux d’entre eux, les trois semaines allant du 4 au 26 juillet 2026, dates de la 113e édition de la Grande Boucle.
Près de 200 cyclistes sillonneront alors les routes de l’Hexagone dans l’espoir, pour les uns, de décrocher une victoire d’étape et, pour les favoris, de battre Tadej Pogacar. Le quadruple vainqueur de l’épreuve (2020, 2021, 2024, 2025), implacable lauréat des deux dernières éditions, a assisté à distance à la révélation d’un tracé qui ne devrait pas lui déplaire. Le Slovène sera inévitablement l’attraction du grand départ, qui aura lieu à Barcelone.
Après Saint-Sébastien, en 1992, et Bilbao, en 2023, les organisateurs du Tour de France ont une nouvelle fois choisi de faire confiance à l’Espagne pour accueillir les étapes inaugurales de la Grande Boucle. La toute première verra le retour du contre-la-montre par équipes, absent depuis 2019, avant une deuxième journée de course entre Tarragone et Barcelone, où les coureurs se disputeront la victoire d’étape au pied du stade olympique, après avoir gravi les pentes de la colline de Montjuïc.
La troisième étape entre Granollers et la station des Angles (Pyrénées-Orientales), site inédit dans l’histoire du Tour, sera celle du passage en France et de la première arrivée en montagne, après une journée à près de 4 000 mètres de dénivelé positif. Une nouvelle découverte aura lieu lors de la 6? étape, avec l’arrivée au sommet à Gavarnie-Gèdre (18,7 km à 3,7 % de moyenne), au terme d’une journée où le peloton sera passé par deux cols qu’il maîtrise davantage, le col d’Aspin (12 km à 6,5 %) puis celui du Tourmalet (17,1 km à 7,3 %).
Après un passage par la Nouvelle-Aquitaine, le peloton s’attaquera au Massif central, avec une arrivée au Lioran à l’issue de la 10e étape, lieu d’un « combat de géants » en 2024, selon Christian Prudhomme, le directeur du Tour. Lors de cette édition, Jonas Vingegaard s’y était imposé devant Tadej Pogacar, l’une des dernières fois où le Danois a pris le dessus sur son rival.
Vainqueur cette année-là du Tour de France, l’ogre de Komenda avait été battu au classement général un an plus tôt, mais il s’était imposé au Markstein (Vosges), où se jouera la victoire de la 14e étape après l’enchaînement de quatre difficultés, dont le Grand Ballon (21,5 km à 4,8 %) et le col de Haag (11,3 km à 7,5 %), « un chemin forestier et nouvelle pépite » du Tour de France, selon Christian Prudhomme.
Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar, qui dominent l’épreuve à tour de rôle depuis 2020, se départageront peut-être lors de la troisième et dernière semaine de course, qui comprendra deux arrivées à l’Alpe-d’Huez, juste avant l’ultime étape. Cet enchaînement inédit et terriblement exigeant commencera par la 19e étape, avec une arrivée dans la station iséroise par l’ascension de ses mythiques 21 lacets (13,8 km à 8,1 %).
Le lendemain, jour de la 20? étape, sera une « étape de montagne XXL », comme l’a décrite Christian Prudhomme. Lorsque le patron du Tour en a dévoilé la topographie, un bruissement a traversé les tribunes du Palais des Congrès, en provenance du public qui mesurait la tâche qui attend les coureurs. Ces derniers devront gravir, à la veille de la dernière étape du Tour et après quasiment trois semaines d’effort, 5 600 mètres de dénivelé positif. Quatre ascensions seront au programme ce jour-là : le col de la Croix-de-Fer (24 km à 5,2 %), le col du Télégraphe (11,9 km à 7,1 %), le col du Galibier (17,7 km à 6,9 %), avant une arrivée à l’Alpe-d’Huez par le col de Sarenne (12,8 km à 7,3 %).
Avec trois arrivées au sommet lors des quatre dernières étapes, les organisateurs espèrent entretenir jusqu’au bout le suspense pour le classement général, dont le dénouement s’était joué très rapidement lors des dernières éditions. Le contre-la-montre de 26 km entre Evian-les-Bains et Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) de la 16e étape, au lendemain de la deuxième journée de repos, pourrait également avoir son importance.
Cette édition 2026 offrira également des occasions aux sprinteurs de briller, avec sept étapes de plaine au programme, dont des arrivées à Bordeaux (Gironde) et Pau (Pyrénées-Atlantiques), les deux villes les plus visitées de l’histoire du Tour après Paris. « Ce sont vraiment des lieux mythiques pour le sprint sur le Tour de France », s’est félicité Paul Penhoët, le sprinteur de la Groupama-FDJ.
Les spécialistes du genre espèrent également avoir une occasion de s’imposer lors de la 21? et dernière étape, le 26 juillet, qui s’achèvera, comme c’est de coutume, sur l’avenue des Champs-Elysées. Cependant, l’introduction – réussie pour son succès populaire – de la triple ascension de la butte Montmartre lors la dernière édition avait réduit leurs chances de victoire et permis à Wout van Aert de l’emporter en solitaire après avoir distancé Tadej Pogacar dans la rue Lepic.
Une légère modification de cette dernière étape pourrait rebattre les cartes : l’ascension de la butte – qui aura à nouveau lieu trois fois – se fera désormais à quinze kilomètres de l’arrivée, contre six en 2025. « Ça fait un petit bout pour rallier les Champs-Elysées donc il y aura moyen d’avoir des regroupements », estime Paul Penhoët, qui ne voit pas « un homme seul s’imposer comme cet été ».
Le peloton féminin, dont le calendrier a été décorrélé de celui des hommes, prendra le départ de sa 5e édition le 1er août de Lausanne (Suisse), pour une arrivée le 9, à Nice. Les coureuses, qui sillonneront essentiellement le sud-est de la France, s’attaqueront notamment au redoutable mont Ventoux à l’occasion de l’épreuve reine, le 7 août.