La nouvelle première ministre japonaise, Sanae Takaichi, a déclaré vendredi 24 octobre vouloir porter à « de nouveaux sommets » la relation entre Tokyo et Washington, appelant aussi à construire une « relation constructive et stable » assortie d’un « dialogue franc » avec la Chine.
Lors de son premier discours de politique générale devant le Parlement, la dirigeante conservatrice de 64 ans, première femme à accéder au pouvoir dans l’Archipel, a également admis l’importance de l’immigration face à la pénurie de main-d’œuvre dans le pays, tout en soulignant les « inquiétudes » des Japonais.
Sur le plan diplomatique, « l’alliance nippo-américaine reste la pierre angulaire de notre politique étrangère et de sécurité », a lancé Sanae Takaichi dans son adresse, régulièrement ponctuée de cris et d’applaudissements de ses soutiens. « Je rencontrerai moi-même le président Trump lors de sa visite au Japon » attendue à partir de lundi, « afin d’établir une relation de confiance et d’élever les relations nippo-américaines à de nouveaux sommets ».
La nouvelle dirigeante était une proche de l’ancien premier ministre Shinzo Abe, assassiné en 2022, qui avait multiplié les efforts pour entretenir des relations cordiales avec Donald Trump lors du premier mandat de celui-ci.
Affirmant que les « activités militaires » de la Chine, de la Corée du Nord et de la Russie constituaient à ses yeux « une grave préoccupation », elle a plaidé en faveur d’un dialogue avec Pékin, « un voisin essentiel » de l’Archipel, via un « dialogue franc », notamment sur les « préoccupations sécuritaires ».
Critique de longue date de Pékin, Sanae Takaichi avait modéré son discours durant sa récente campagne pour prendre la tête du Parti libéral-démocrate (PLD, droite nationaliste) au pouvoir au Japon.
Notant une « évolution de l’environnement sécuritaire » depuis que le Japon s’est fixé il y a trois ans l’objectif de porter ses dépenses militaires à 2 % de son produit intérieur brut, sous l’impulsion des Etats-Unis, elle a dit vouloir atteindre cet objectif avant la fin du mois de mars 2026, avec deux ans d’avance.
Sanae Takaichi, élue début octobre à la tête du PLD, au pouvoir au Japon mais qui ne dispose que d’une majorité relative dans les deux chambres du Parlement, a assuré sa nomination en s’alliant avec un petit parti réformateur de centre droit.
Faute de majorité absolue pour cette coalition à la chambre basse, la dirigeante devra donc composer au cas par cas avec d’autres formations pour avancer son programme. Attendue sur ses mesures de soutien à l’économie, notamment face à la forte inflation qui touche le Japon depuis 2022 et qui avait rongé la cote de popularité de son prédécesseur, Shigeru Ishiba, la première ministre s’est engagée à bâtir une « économie forte ».
Promettant une politique budgétaire « responsable et proactive », elle a annoncé des dépenses stratégiques pour augmenter les revenus, stimuler la consommation, accroître les bénéfices des entreprises et les recettes fiscales, sans augmenter les impôts.
L’inflation reste tenace dans l’Archipel, tirée par les prix du riz, qui avaient doublé pendant l’été, ainsi que par ceux de l’énergie, que les précédents gouvernements avaient tenté d’alléger en subventionnant les factures de gaz et d’électricité des Japonais.
Alors que le Japon est confronté à la diminution et au vieillissement de sa population, la deuxième plus âgée au monde après Monaco, Mme Takaichi a reconnu que « certains secteurs ont besoin de main-d’œuvre étrangère ». Elle avait adopté pendant sa campagne des positions fermes sur l’immigration et les touristes étrangers, dont le comportement irrite parfois certains habitants.
Les dernières élections en juillet ont ainsi signé l’essor d’un petit parti d’extrême droite sous le slogan « Le Japon d’abord », qui blâme les étrangers pour une multitude de problèmes, de la hausse des prix de l’immobilier à l’insécurité routière. « Si nous nous opposons clairement à la xénophobie, le gouvernement réagira avec détermination » en cas de manquements aux règles, a promis la première ministre. La ministre de la sécurité économique qu’elle a nommée cette semaine a ainsi vu ajouter à ses attributions la mission de veiller à une « société de coexistence ordonnée et harmonieuse avec les ressortissants étrangers ».
Le gouvernement Takaichi recueille 71 % d’opinions favorables selon un sondage publié jeudi par le quotidien Yomiuri, contre 34 % en septembre pour celui de son prédécesseur, Shigeru Ishiba. Il s’agit du cinquième meilleur score pour un nouveau gouvernement depuis la mise en place de statistiques comparables en 1978.