Le signal d’alarme qui retentit le 11 octobre, à Venise, en Italie, ne trouble pas la quiétude de cette matinée ensoleillée. Il fallait pour l’entendre se tenir sous les ors de la salle du Scrutin, splendide pièce du palais des Doges dont les peintures illustrent les victoires de la Sérénissime République de Venise contre ses ennemis, où Maia Sandu prend la parole. La présidente de la République de Moldavie fraîchement réélue, vêtue d’un ensemble d’un bleu parfaitement européen, apporte des nouvelles du front de l’Est – celui de la guerre hybride menée aux démocraties occidentales par la Russie. Et elles ne sont pas rassurantes.
Devant elle, les dirigeants de nombreux pays et institutions du continent sont rassemblés pour célébrer le 35e anniversaire de la Commission de Venise, un organe du Conseil de l’Europe dispensant ses conseils en matière de réformes constitutionnelles et juridiques. Les discours précédents n’avaient certes pas manqué de souligner l’écart entre le contexte dans lequel cette commission était née – son rôle était alors d’accompagner les pays de l’ancien bloc soviétique, dont la Moldavie, dans leur transition démocratique – et le contexte actuel de recul, voire de détricotage, de la démocratie jusque dans les plus anciennes républiques du continent.
A la tribune, Maia Sandu, quant à elle, ne se livre pas à une réflexion théorique et générale : elle expose un véritable plan de bataille. Celui que son gouvernement, qui partage un millier de kilomètres de frontière avec l’Ukraine, a mis en place pour lutter contre l’ingérence russe lors des récentes élections législatives moldaves.