L’éducation, rubrique phare du « Monde » et sismographe de la société française

L’homme qui ouvre la porte de sa maison de Mortagne-au-Perche, quelques mois après la Libération, porte toujours sa tenue de maquisard : « Canadienne, culotte de golf, bas de laine, grosses chaussures. » C’est ainsi que Jean Planchais, jeune résistant, voit Hubert Beuve-Méry. L’aspirant journaliste a été recommandé au directeur du Monde par le docteur Planchais, son père, médecin dans ce bourg historique de l’Orne et mort en déportation. Il rêve de politique, d’international, de critique littéraire.

Il sera l’adjoint du chroniqueur défense du journal. « Vous êtes sergent-chef, vous verrez les choses d’un œil neuf », lui a lancé le patron qui n’apprécie guère le responsable en titre, Edmond Delage, un ancien du journal Le Temps. La nouvelle recrue refuse de classer les papiers dont l’armoire du maître déborde, mais s’attelle avec conviction à son nouveau domaine : « La défense, l’aéronautique, les transports, auxquels avait été ajoutée, pour moi tout seul, l’éducation nationale », écrit Jean Planchais dans ses Mémoires, Un homme du Monde (Calmann-Lévy, 1989). Il y a sans doute un brin d’ironie devant l’étendue de cet empire, mais aussi la satisfaction d’avoir un domaine réservé.

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