D’emblée, Mikhaïl Chichkine interpelle et intrigue le lecteur : « A quoi sert la littérature, si elle n’a empêché ni le goulag ni l’“opération militaire spéciale” ? » L’auteur russe, depuis longtemps installé en Suisse, s’oppose par l’écriture au Kremlin de Vladimir Poutine, moqué en « patriarche dictateur ». A l’intérieur même de la Russie, des rebelles continuent de critiquer le président qui a, méthodiquement, depuis deux décennies, façonné le pays et sa société avant de les plonger dans la guerre contre l’Ukraine. Comme Mikhaïl Chichkine, ils voient « en ce moment la Russie en carré noir » – allusion au tableau de Kasimir Malevitch datant des années 1920, vision prémonitoire de la guerre et du goulag.

Face au rouleau compresseur des autorités, qui utilisent tous les relais possibles pour faire passer leurs messages et briser l’élan de la culture, ces Russes ordinaires se réfugient dans cette même culture pour s’opposer comme ils peuvent malgré la répression. De son exil, Mikhaïl Chichkine leur apporte une forme de soutien avec le recueil d’essais Le Bateau de marbre blanc, kaléidoscope de grands noms de la culture mais aussi d’événements et de symboles. En racontant et en analysant les confrontations avec le pouvoir de ces figures du passé, l’auteur loue indirectement cette « autre Russie » qui, aujourd’hui, résiste dans le secret.

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario