« La fermeture des salles de consommation de drogue serait une catastrophe sanitaire et sociale »

La France fut pionnière en matière de réduction des risques liés à l’usage de drogues. A la fin des années 1980, sous l’impulsion de Michèle Barzach puis de Simone Veil [deux anciennes ministres de la santé], notre pays a su faire preuve d’un courage politique rare face à l’épidémie de VIH. La mise à disposition de seringues stériles, l’ouverture des premiers programmes de prévention, puis la généralisation des traitements de substitution aux opioïdes ont permis d’éviter des milliers de contaminations et de décès. Ces réformes ont fait de la France un modèle reconnu de santé publique, fondé sur la science, la dignité et le pragmatisme.

Pourtant, aujourd’hui, cette avance historique est menacée. L’expérimentation des salles de consommation à moindre risque – appelées dans notre pays haltes soins addictions (HSA) – arrive à son terme ce 31 décembre. Faute de modification législative, ces structures fermeront leurs portes dès le 1er janvier 2026. Ce serait une catastrophe sanitaire et sociale, un recul inédit dans l’histoire de la santé publique française. Aucun pays au monde n’est jamais revenu sur cette politique une fois adoptée, tant les résultats sont probants : baisse du nombre de surdoses, réintégration dans le soin, apaisement de l’espace public.

Là où la Suisse a intégré dès les années 1990 ces dispositifs dans un modèle global de prise en charge des consommations de drogues, la France continue d’en débattre comme s’il s’agissait d’une question morale. Pourtant, contrairement à une idée répandue, les HSA ne sont pas impopulaires : selon le rapport, publié en 2023, de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, 78 % des personnes interrogées les considèrent comme une « très bonne » ou « plutôt bonne chose ».

Dans les deux villes [Paris et Strasbourg] où des salles ont pu ouvrir depuis 2016, ces lieux sont en effet la réponse la plus efficace et la plus humaine à la consommation de rue. Toutes les évaluations l’attestent : scientifiquement, socialement, concrètement, cela fonctionne. Si des polémiques persistent, c’est uniquement pour des raisons politiques ou idéologiques, au mépris de la réalité de terrain et de la parole des soignants, comme des usagers.

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