Le plus long shutdown de l’histoire des Etats-Unis va prendre fin après l’adoption par le Congrès, mercredi 12 novembre, d’une proposition de loi qui permet de lever la paralysie budgétaire du pays. Dans la foulée, Donald Trump a promulgué le texte, après une crise de quarante-trois jours qui a bouleversé plusieurs pans de l’économie américaine, en raison, notamment, du blocage de nombreux services fédéraux.

« Aujourd’hui, nous envoyons le message clair que nous ne céderons jamais au chantage », a déclaré le président américain à l’adresse de ses adversaires démocrates, avant de signer le texte sous les applaudissements des élus républicains rassemblés autour de lui dans le bureau Ovale.

Après le Sénat, lundi, la Chambre des représentants a à son tour approuvé, mercredi, la proposition de loi budgétaire, qualifiée de « très grande victoire » par Donald Trump, avec 222 voix pour, et 209 contre. Seuls six élus démocrates ont rejoint la majorité présidentielle, tandis que deux républicains ont exprimé leur désaccord.

Le président républicain de la Chambre, Mike Johnson, s’était félicité, avant le vote, de la fin à venir de ce « long cauchemar national », commencé le 1er octobre. Cherchant à sortir victorieux de l’interminable bras de fer en promulguant la loi, Donald Trump a, lui, attaqué les « extrémistes de l’autre parti », les accusant d’avoir mis le gouvernement à l’arrêt pour « des raisons purement politiciennes ».

La Chambre des représentants n’avait pas siégé depuis le 19 septembre, date à laquelle elle avait adopté une mesure provisoire pour assurer la continuité du fonctionnement de l’Etat lors du lancement du nouvel exercice budgétaire, en octobre. Après ce vote, M. Johnson avait renvoyé les parlementaires chez eux et laissé au Sénat le soin d’agir, estimant que les républicains de la chambre basse du Congrès avaient rempli leur mission.

Après presque six semaines d’impasse budgétaire, une poignée de sénateurs démocrates ont fini par rendre les armes, lundi, en approuvant avec leurs collègues républicains une nouvelle proposition de loi, qui étend le budget précédent jusqu’à la fin de janvier. Le texte laisse, en revanche, dans le flou la prolongation de subventions pour l’Obamacare, l’assurance-santé de ménages aux revenus modestes, au grand dam de la base et de nombreux élus démocrates.

Donald Trump n’a fait aucun mystère de ses intentions, qualifiant ce dispositif de « désastre » et de « cauchemar », qu’il faudrait supprimer. Il a jugé qu’au lieu de subventionner un système collectif il faudrait redistribuer les financements « directement » aux Américains afin que ces derniers choisissent individuellement leurs assurances-santé.

Parmi les seules concessions faites à l’opposition, le texte prévoit la réintégration des fonctionnaires licenciés depuis le début du shutdown. Il comprend également des fonds pour le programme d’aide alimentaire (SNAP) jusqu’en septembre, évitant ainsi que cette assistance, dont bénéficient plus de 42 millions d’Américains, soit gelée en cas de nouvelle paralysie budgétaire à la fin de janvier, comme ce fut le cas pendant le blocage actuel.

En raison des règles qui prévalent au Sénat, huit voix de l’opposition étaient nécessaires pour adopter le texte. Les huit démocrates qui l’ont validé se sont attiré les foudres de nombreux membres de leur camp, qui dénoncent de maigres concessions et de fausses promesses républicaines. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, s’est ainsi lamenté sur X d’une « capitulation » et d’une « trahison » envers l’Amérique qui travaille.

De nombreux démocrates se sont aussi demandé pourquoi ces sénateurs ont cédé quelques jours seulement après de larges victoires de leur parti dans d’importantes élections à travers le pays, qui validaient selon eux leur stratégie au Congrès.

Le chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a de nouveau appelé, mercredi soir, les républicains à tenir leur promesse d’organiser bientôt un vote sur l’Obamacare. « Nous estimons que les Américains de la classe ouvrière, les Américains de la classe moyenne et les Américains ordinaires méritent le même niveau de certitude que les républicains fournissent toujours aux riches, aux plus aisés et aux donateurs au bras long », a-t-il déclaré dans l’Hémicycle. « Il n’est pas trop tard » pour prolonger ces subventions, a ajouté le ténor démocrate.

La question de ces subventions se trouve au cœur du différend qui a mené au shutdown. Sans leur prolongation, les coûts de l’assurance-santé devraient plus que doubler en 2026 pour 24 millions d’Américains qui utilisent Obamacare, selon KFF, un cercle de réflexion spécialisé sur les questions de santé.

Par ailleurs depuis le 1er octobre, en raison du shutdown, plus d’un million de fonctionnaires n’étaient pas payés, le versement de certaines aides était fortement perturbé, et des dizaines de milliers de vols ont été annulés en raison d’un nombre insuffisant de contrôleurs aériens, certains ayant choisi de se faire porter pâle plutôt que de travailler sans salaire.

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