Un calme tout relatif règne à Doco, quartier populaire de l’importante commune résidentielle de Petion-Ville, en banlieue de Port-au-Prince. Mais ce hameau, perché sur les hauteurs de la capitale haïtienne, est sur le qui-vive.
Au bout d’un dédale de faubourgs aux ruelles cahoteuses, des hommes armés, en faction devant une guérite, accueillent les visiteurs avec méfiance. Les véhicules inconnus sont contrôlés ; les conducteurs, interrogés quant à l’objet de leur venue ; les passagers, observés par des yeux inquisiteurs. « Barrière ouverte à 5 h 30, fermée à 21 heures », informe un écriteau peint à la main sur la guérite : la nuit, plus personne ne passe.
Un groupe d’hommes oisifs discutent à l’ombre d’une bâtisse sans charme : le quartier général de la brigade d’autodéfense créée par des habitants des faubourgs environnants pour se protéger des attaques des gangs. « Nous avons constitué cette brigade il y a trois ans lorsque les bandits ont commencé à s’implanter dans les environs », raconte, dans un bureau du QG, Cazeau Guerrier, le chef de la milice, forte de « 287 brigadiers », selon cet affable professeur de biologie de 48 ans, affectueusement surnommé « Maître Cazeau » par ses connaissances.