« Numéro 4 », énumère Emmeline, alors que Gaspard, le quatrième enfant de la fratrie, descend le grand escalier de la maison rouennaise. L’horloge du four indique 18 h 50, plus qu’une demi-heure avant le dîner. Des vapeurs de lasagnes à la noix de muscade enveloppent le rez-de-chaussée à mesure que les enfants arrivent et traînent en cuisine, donnant un coup de main pour les derniers préparatifs. Dans le clan des Sperduto, il y a du monde : Emmeline, la mère, 48 ans, professeure d’anglais ; Romuald, le père, 46 ans, commissionnaire de transport ; Sarah, 23 ans, ingénieure en mécanique, partie vivre à Lyon ; Léanne, 18 ans, en première année de médecine ; Marie, 17 ans, en 1re sciences et technologies de l’agronomie et du vivant (STAV) ; Gaspard, 15 ans, en 2nde ; Arthur, 13 ans, en 3e. Et « numéro 6 : mon bébé », s’exclame la mère, en présentant Gabriel, un adolescent de 12 ans, en 5e. La tribu s’est installée il y a dix ans dans cette maison des années 1940, à Rouen, depuis agrandie et rénovée.
Avant d’atterrir ici, ils ont vécu dans une bourgade alentour qui a vu naître les numéros 2 à 6. Jusqu’à ce qu’Emmeline « pète un câble » : « Ma vie était plan-plan. A l’époque, j’étais infirmière à mi-temps, je m’ennuyais comme un rat mort, il me fallait du changement. J’ai dit à Romuald : soit on part pour l’Australie, soit on fait un bébé, soit on déménage ! » Il a choisi la dernière option sans hésiter.