Niklas Frank, le fils de nazi dévoré par la haine du père

Quand il était adolescent et se déplaçait en stop, la scène se répétait presque à chaque fois à l’identique. « Vous savez à côté de qui vous êtes assis ? Je suis le fils du nazi Hans Frank ! Oui, le gouverneur de Pologne ! » Ça ne manquait jamais : le conducteur s’abandonnait alors à l’évocation des « glorieux souvenirs » du Reich. Dans les années 1950, il était fréquent de croiser ainsi d’anciens nazis sur les routes allemandes. « Oh, c’est vrai ? Quelle misère, pauvre petit ! Je vous invite à déjeuner à la maison », répondait-on avec attendrissement à Niklas Frank. Jouer la victime lui permettait de manger à l’œil, sa famille, déchue et privée de pension, n’ayant plus d’argent. « A la ville, ils étaient démocrates, mais, en privé, ils étaient restés fidèles à Hitler », se souvient Niklas Frank à propos de ces automobilistes si bienveillants.

Depuis sa retraite d’Ecklak (Schleswig-Holstein), minuscule village proche des rivages de la mer du Nord, à une heure au nord-ouest de Hambourg, cet homme de 86 ans est le dernier enfant encore en vie de Hans Frank, responsable de la mort de quatre millions de personnes. Surnommé le « boucher de la Pologne », il fut l’un des douze dignitaires du régime du IIIe Reich condamnés à la pendaison, le 1er octobre 1946, à l’issue du procès de Nuremberg – la sentence avait été exécutée quinze jours plus tard, le 16 octobre.

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