C’est une petite part de l’énorme gâteau de l’épargne des Français, mais le détail de sa composition et de sa répartition éclaire les mécanismes de transmission du patrimoine. L’épargne « pour les enfants », celle que constituent en leur nom parents et grands-parents, concerne plus d’un enfant sur deux en France, selon une analyse publiée mercredi 26 novembre par l’Institut national d’études démographiques (INED).
S’appuyant sur les données de cinq enquêtes de l’Insee menées entre 2003 et 2021, soit un échantillon de près de 29 000 enfants, Marion Leturcq, chargée de recherche à l’INED, observe qu’environ 35 % des enfants de moins de 1 an sont déjà titulaires d’un produit d’épargne, une proportion qui atteint 53 % pour les 10-11 ans et 72 % pour les 16-17 ans.
Les livrets d’épargne restent de très loin les produits les plus fréquemment ouverts au nom des enfants, mais 4 % de ces derniers détiennent aussi un compte épargne-logement et 2 % un produit plus rémunérateur, comme une assurance-vie ou un plan épargne-retraite.
Si la moyenne de l’épargne représente 1 300 euros par enfant, les détails de l’étude montrent d’importantes disparités : nulle ou symbolique pour un enfant sur deux, elle dépasse 3 150 euros pour les 10 % les plus gâtés. Chez les 16-17 ans, la moyenne atteint 2 330 euros mais 10 % des enfants de cette tranche d’âge ont à leur nom plus de 6 000 euros.
Ces disparités se traduisent par une forte concentration de l’épargne avant même l’entrée dans l’âge adulte : les 10 % les mieux dotés concentrent 74 % de l’épargne constituée pour les enfants et les 10 % suivants de 15 %. Des différences qui tiennent en premier lieu au niveau de richesse des parents, puisque, dans les 10 % de ménages les plus aisés, près de neuf enfants sur dix (87 %) disposent d’une épargne avant leur majorité, alors que cette proportion ne dépasse pas 60 % chez les enfants des ménages les moins dotés.