Jamais Maryvone Raveneau n’avait vu autant de caméras et de journalistes que ce 25 septembre, jour du jugement de l’ancien président Nicolas Sarkozy dans l’affaire du financement de sa campagne présidentielle de 2007. Elle s’est vite éclipsée, rentrée tout droit chez elle, dans le 15e arrondissement de Paris, seule avec l’émotion d’avoir « enfin été entendue ». « On a eu une réponse. C’était palpable, même si je ne me réjouis de la prison pour personne », confie-t-elle quelques jours plus tard. Son domicile est son panthéon familial : des photos, partout, accrochées aux murs et posées sur les meubles, dont le portrait de son mari, Georges Raveneau, en tenue de commandant de bord. Il pilotait l’avion DC-10 d’UTA frappé au-dessus du désert de Ténéré, l’une des régions les plus hostiles du Sahara, au Niger, le 19 septembre 1989, par l’explosion d’une bombe posée par les services secrets libyens du colonel Kadhafi.
« Même quand vous détestez les chiens, reconnaissez qu’ils ont les dents blanches », cite Maryvone Raveneau. La native de Martinique applique ce proverbe créole à Nicolas Sarkozy et à sa communication « remarquable » : l’ancien président de la République, qui a fait appel de sa condamnation à cinq ans de prison pour « association de malfaiteurs », à 100 000 euros d’amende, à l’inéligibilité et interdiction de tout emploi public pendant cinq ans (le procès en appel se tiendra du 16 mars au 3 juin 2026), brosse le récit d’une prétendue vengeance des juges dont il serait la cible. Un récit qui a vocation à effacer, aux yeux du grand public, le poids des 170 morts dans l’attentat organisé par Abdallah Senoussi, le beau-frère de Kadhafi reconnu coupable du crime terroriste en 1999 par la justice française, que Claude Guéant et Brice Hortefeux, alors au service de Nicolas Sarkozy, ont secrètement rencontré en 2005.