C’est sans attendre qu’il faut prendre ses billets pour s’offrir ou offrir un spectacle pour les fêtes de fin d’année. Parmi les très nombreuses propositions, nous vous conseillons un décoiffant Barbier de Séville à Marseille, les acrobaties équestres époustouflantes de la famille Grüss dans le bois de Boulogne, un Casse-Noisette signé Benjamin Millepied à Nice, ou une séance de rire avec Michaël Hirsch à Paris puis en tournée.
OPÉRA
La première française de Gypsy, « fable musicale » de Jules Styne inspirée des Mémoires de Gypsy Rose Lee, strip-teaseuse américaine, triomphe depuis février en France. Natalie Dessay y partage la scène avec sa fille, Neïma Naouri, dans le rôle écrasant de Madame Rose, mère abusive dont la dévorante ambition n’aura de cesse de transformer ses deux filles, June et Louise, en stars. La musique livre une partition enlevée, entre fanfares de cuivres et rythmes de danse, tandis que le dispositif scénique imaginé par Laurent Pelly (podium central encadré d’allées et des passerelles) supporte sans faiblir deux heures de numéros inventifs et vivifiants (magistral numéro des strip-teaseuses expliquant à la novice Louise les « ficelles » – strings – du métier), renforcés par les lumières et chorégraphies de Lionel Hoche, qui recensent avec spontanéité les standards du métier (claquettes, acrobaties). Véritable reine de la soirée, Natalie Dessay est vocalement méconnaissable. Son mezzo animal s’ancre désormais dans un style qui a su apprivoiser le micro et acquérir ce registre du belting, « voix de poitrine haute », tripale, aux profondes et puissantes résonances dramatiques. Un époustouflant panel d’artistes renforce ce spectacle jubilatoire, qui révèle la Gypsy de Naïma Naouri, voix chaude et parfaitement placée, digne fille de sa mère. M.-A. R.