Au premier regard, la communauté Return to the Land, soit « retour à la terre », pourrait ressembler à n’importe quel village reclus de l’Amérique rurale. A Ravenden, patelin de quelques centaines d’habitants du nord-est de l’Arkansas, au bout d’une piste de terre longue de plusieurs kilomètres, un portail surmonté d’un drapeau américain s’ouvre sur des poules affolées et une poignée d’enfants qui s’esclaffent. Des cabanes en bois jouxtent les fondations de plusieurs maisons en construction sur 65 hectares de terrain vallonné, à travers lequel serpente une rivière.
Garée à la va-vite au bord d’un chemin de pierre, une imposante excavatrice laisse supposer que d’ambitieux travaux sont en cours. Les visiteurs sont accueillis avec un sourire et une poignée de main énergique. Comme si les fondateurs de cette petite société voulaient faire oublier la violence de leur projet. Car Return to the Land est le premier quartier résidentiel pour suprémacistes blancs aux Etats-Unis.
Ce 26 novembre, comme des dizaines de millions d’Américains, les 40 habitants de Return to the Land, dont une douzaine d’enfants, se préparent à fêter Thanksgiving, qui aura lieu le lendemain. Soit la célébration du mythe fondateur des Etats-Unis, en mémoire des colons britanniques arrivés au début du XVIIe siècle – qui ont survécu grâce à la nourriture fournie par les populations autochtones. En plus de la traditionnelle dinde accompagnée de purée de pommes de terre, plusieurs familles ont prévu des kilos de rosbif et des cookies par dizaines.