Politiste chilien, Cristobal Rovira Kaltwasser est professeur à l’Institut de science politique de l’Université catholique pontificale du Chili. Spécialiste de l’étude comparée des droites globales, il a enseigné à l’université du Sussex, à l’Université libre de Berlin, à l’Ecole normale supérieure de Pise, et à Sciences Po. Il est l’auteur, avec Cas Mudde, de Brève introduction au populisme (L’Aube, 2018).
Il faut en effet clarifier les concepts. Les droites se définissent par leur degré de radicalité par rapport à une idée partagée. Le critère le plus important est le rapport à la démocratie, avec laquelle l’ultradroite a un rapport problématique. Au sein de cette dernière on distingue deux ensembles : la droite extrême qui, au pouvoir, mettrait abruptement fin à la vie démocratique, et la droite radicale populiste qui dit respecter le système, mais, quand elle gouverne, s’attaque à sa composante libérale – les contre-pouvoirs –, menant un long processus d’érosion des institutions. Ces termes ne correspondent pas toujours à l’usage courant qui peut en être fait et qui peut changer de sens selon les aires linguistiques.
Oui, mais pas uniquement à cause de la montée en puissance de la droite radicale et de la droite extrême. C’est le déclin de la droite classique qui est déterminant.
Les électeurs conservateurs ou xénophobes ont toujours existé, mais ils ont longtemps été canalisés par les partis de droite traditionnels jouant totalement le jeu démocratique. Quand ces derniers déclinent et qu’une nouvelle offre de droite radicale se développe, elle attire ces électeurs. Un cercle vicieux est alors engagé. Cette année, il est particulièrement préoccupant de voir les partis de droite classique reprendre à leur compte les thèmes chers aux droites radicales.