Longtemps perçu comme une évidence économique et sociale, le principe selon lequel plus d’éducation signifie nécessairement plus d’effet sur l’emploi semble aujourd’hui vaciller. Que se passe-t-il lorsque l’accumulation de diplômes ne se traduit plus par une meilleure insertion professionnelle et fait place à la frustration des jeunes ? Paxter, cabinet de conseil en stratégies académiques et en ingénierie pédagogique, a mené une étude comparative mondiale sur cette problématique, intitulée « Enseignement supérieur, revenu, employabilité : une comparaison mondiale ».
Fruit de dix années de recherche de Pierre Aliphat, Nikola Damjanovic et Pierre Tapie, l’étude de Paxter s’appuie sur des données économiques, démographiques et éducatives de 140 pays, représentant plus de 90 % de la jeunesse mondiale. Les auteurs mettent en lumière les corrélations inattendues entre développement économique, taux d’accès à l’enseignement supérieur et employabilité, en croisant six indicateurs de chômage avec le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat et le taux d’accès à l’enseignement supérieur. Les résultats des véritables corrélations entre développement économique, accès à l’enseignement supérieur et employabilité sont étonnants.
Une forte corrélation entre richesse et enseignement supérieur… jusqu’à un certain seuil. Les auteurs ont observé une forte corrélation (R = 0,72) entre le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat et le taux d’accès à l’enseignement supérieur. En retirant les pays jugés atypiques (les pays producteurs de pétrole ou les hubs financiers), cette corrélation atteint R = 0,84. Mais cette corrélation est très différente selon le niveau de richesse des pays. Dans les pays à faible revenu, la progression du PIB va presque toujours de pair avec celle du taux d’accès à l’enseignement supérieur. Mais cette relation s’efface dans les économies des pays développés : au-delà d’un PIB par habitant de 15 000 dollars, le développement économique devient indépendant de l’accès à l’enseignement supérieur.