« J’avais 23 ans quand une transformation radicale s’est opérée en moi : l’entrée imprévue de Dieu dans ma vie.
Enfant, je n’ai pas vraiment eu d’éducation religieuse. Mon père était non croyant, ma mère catholique. Elle nous avait inscrits, mes frères et moi, au catéchisme, mais j’en garde surtout le souvenir des parties de foot avec les copains. Dieu n’était pas un sujet de conversation chez nous, même si ma mère, sans me le dire, priait pour moi. J’en ai eu probablement besoin, surtout à l’adolescence, quand j’ai commencé à devenir, disons, rebelle. Ado, justement, j’étais persuadé que Dieu n’existait pas.
Au lycée, je me suis rapproché d’un groupe anarchiste, je pensais qu’on pouvait changer le monde par la révolution. Mais j’ai rapidement compris que le problème n’était pas seulement dans le monde mais aussi en nous. Nous étions en conflit permanent, même avec les trotskistes, les maoïstes, estimant qu’ils n’étaient pas assez radicaux. En réalité, tous ceux avec qui j’étais engagé avaient, comme moi, d’abord besoin d’une transformation intérieure. Peu à peu, j’ai renoncé à changer le monde.
Après le bac, j’ai arrêté les études et me suis rabattu sur mes amis du quartier et sur la musique. J’étais guitariste, je jouais dans des boîtes, je gagnais ma vie comme cela. J’habitais à droite, à gauche, chez des amis. J’aspirais à plus qu’une existence rythmée par le métro-boulot-dodo, mais j’ai été déçu par tout ce en quoi j’espérais. Des amis ont trahi ma confiance, les relations amoureuses ne duraient qu’un temps, plusieurs des musiciens que je fréquentais avaient une vie chaotique. Rien ne me comblait vraiment, je ne savais pas ce qui pourrait me rendre heureux.