La guerre est un pari sur les réactions de l’ennemi. La confrontation en cours entre Israël et le Hezbollah, le « parti de Dieu », n’échappe pas à la règle. La guerre est là et, une fois de plus, le Liban paye le prix fort. Mais la guerre n’est pas totale. L’embrasement ne deviendra régional que si l’un des protagonistes se trompe sur les intentions de l’autre.
Pour l’heure, la seule certitude est celle des combats. Les chasseurs israéliens mènent des centaines de raids par jour sur les centres de commandement et les batteries de missiles de la milice chiite libanaise. Dégâts « collatéraux » garantis : des milliers de victimes civiles sont soignées dans des hôpitaux saturés. Le « parti de Dieu » réplique : centaines de roquettes, et parfois un ou deux missiles sol-sol, sur le nord d’Israël – mais de plus en plus en profondeur. Israël annonce, en retour, des bombardements « extensifs ». Par dizaines de milliers, les civils libanais fuient vers le nord du pays.
Que veulent les parties en guerre ?
Le Hezbollah est prisonnier d’un engagement pris au lendemain du massacre perpétré par le Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023 – 1 200 morts, des centaines de blessés et de personnes enlevées. Le 8, dès la contre-offensive israélienne sur Gaza, le parti-milice libanais se déclare solidaire des Palestiniens : il ranime le « front » libanais avec des tirs de roquettes quasi quotidiens sur le nord d’Israël. L’Etat hébreu répond. Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, promet d’arrêter les bombardements dès qu’un cessez-le-feu interviendra dans le territoire gazaoui.
Seulement, le conflit à Gaza dure, et se poursuit à ce jour. Hezbollah et Israéliens vont s’installer dans une petite guerre « contrôlée », de part et d’autre de la frontière israélo-libanaise. « Petite guerre » qui a tout de même déplacé 100 000 Libanais et 60 000 Israéliens de leurs foyers. Au fil des mois, l’Etat hébreu frappe durement le « parti de Dieu » et décime une fraction de sa hiérarchie militaire.
Mais Nasrallah, lié par son engagement, sa crédibilité en jeu, maintient la campagne de tirs sur le nord d’Israël. Pour le parti, c’est une affaire de statut, au Liban et dans le reste du monde arabe. Le Hezbollah se présente comme le fer de lance d’un front du refus, mené par la République islamique d’Iran et dévolu à la lutte armée contre Israël. Il n’est pas seulement ce parti ancré dans sa communauté, présent au Parlement et au gouvernement et dévoué aux intérêts des chiites libanais. Il lui faut une bannière plus large pour justifier sa constitution en milice armée dans un Liban libre de toute occupation étrangère. Ce sera la cause palestinienne – de bonne ou de mauvaise foi.