Nous rencontrons Faker dans le restaurant de son hôtel parisien, samedi 14 décembre. C’est là, dans le quartier de Bercy, à 100 mètres à peine de l’Accor Arena, que lui et ses coéquipiers du club sud-coréen T1 se sont installés pour participer le lendemain à un événement baptisé « Red Bull League of Its Own ». Une sorte de spectacle e-sportif dépourvu d’enjeu, qui laisse au quintuple champion du monde de League of Legends (LoL), considéré comme la plus grande star mondiale du jeu vidéo compétitif, le temps de répondre aux questions du Monde.
Marchant lentement dans les pas de sa manageuse, il salue d’une vive inclinaison du buste chaque personne qu’on lui présente. Vêtu d’une épaisse doudoune noire enfilée par-dessus un maillot de joueur professionnel, il porte ses célèbres lunettes rondes que tout fan d’e-sport connaît par cœur. En près de douze années de carrière pavées de records individuels et collectifs (il est, par exemple, le seul à avoir remporté dix titres de LCK, le championnat sud-coréen de LoL), Faker, de son vrai nom Lee Sang-hyeok, est en quelque sorte devenu l’incarnation humaine du jeu vidéo compétitif.
Mais à la manière d’un Rafael Nadal ou d’un Lionel Messi, avec qui il rivalise en matière de stature dans son domaine, le Sud-Coréen de 28 ans se rapproche déjà inévitablement de sa retraite de joueur. Comme de nombreuses disciplines compétitives, l’e-sport n’est pratiqué à très haut niveau que par de jeunes générations de professionnels, et Faker n’est plus l’adolescent fougueux de 17 ans, dont les débuts avaient été très remarqués en 2013.