« Eve et Hollywood », d’Amor Towles : le cinéma, miroir sans tain

Le cliché est immuable, mais il existe toutes sortes de raisons pour lesquelles un livre peut être « impossible à lâcher ». Un insoutenable suspense, une langue à nulle autre pareille, une construction brillamment retorse… Dans la scène d’ouverture d’Eve et Hollywood, d’Amor Towles, c’est pour « décourager toute velléité de conversation » chez ses voisins de voyage que l’héroïne, Evelyn Ross, s’accroche au roman qu’elle a acheté juste avant de monter dans le train. Durant le trajet qui la mène de New York à Los Angeles (elle devait descendre à Chicago mais a soudainement décidé de prolonger jusqu’au terminus californien), se plonger derrière l’ouvrage lui permet de repousser les importuns.

Pour sa part, Eve et Hollywood est « impossible à lâcher » en raison, notamment, du mélange d’esprit et d’élégance qui infuse toutes ses pages ; Amor Towles le met au service d’une intrigue qui joue assez des codes du noir pour titiller les admirateurs de Raymond Chandler ou de Dashiell Hammett, et prend suffisamment son intrigue au sérieux pour donner envie de connaître, et vite, le fin mot de l’histoire. Les romans d’Amor Towles ont en commun une manière de s’appuyer sur des références afin de nourrir la connivence avec le lecteur sans tomber dans la parodie. Les Règles du jeu (éd. Albin Michel, 2012) faisait splendidement signe à l’œuvre de Francis Scott Fitzgerald ; Un gentleman à Moscou (Fayard, 2016), aux romans russes du XIXe siècle ; Lincoln Highway (Fayard, 2022) s’inscrivait de plain-pied dans la tradition de l’Americana.

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