Généralement, Didier Deschamps est plutôt bon perdant. L’élimination de l’équipe de France en demi-finales de l’Euro 2024 de football, mardi 9 juillet, n’a pas dérogé à la règle. Quelques minutes après la fin du match, c’est un sélectionneur fataliste qui admet dans l’auditorium de l’Allianz Arena de Munich que ses troupes ont manqué des ingrédients nécessaires pour battre l’Espagne (1-2) et disputer le titre.
Une question semble toutefois l’affecter personnellement et le sort de sa quiétude apparente : maintenant que l’objectif fixé par la Fédération française (FFF) – atteindre le dernier carré du tournoi continental – est rempli, se projette-t-il vers 2026 pour relever le défi de la Coupe du monde ? Réponse de l’intéressé : « Vous êtes redoutable. Posez la question à mon président… Je viens de perdre une demi-finale. Je vous respecte, essayez de respecter les personnes qui ont de la responsabilité aussi, et je vous dis ça en toute tranquillité. »
Didier Deschamps achève sa réponse en précisant que ladite question « [n’aurait] même pas dû être posée ». D’une certaine manière, le sélectionneur n’a pas tout à fait tort : depuis plusieurs semaines, Philippe Diallo, le patron de la FFF, répétait à l’envi que le Basque poursuivrait son mandat – entamé en 2012 – au moins jusqu’au prochain Mondial, si les Bleus terminaient dans le dernier carré de l’Euro. « Je ne vois pas de raison de remettre en cause son contrat. Les résultats du passé plaident pour lui et les objectifs ont été atteints. [Il] poursuivra sa mission », a confirmé l’intéressé au journal L’Equipe, mercredi 10 juillet.
Mais à quel autre moment interroger le sélectionneur sur ce sujet ? Après tout, ce tournoi et son déroulé auraient pu changer quelque chose dans son esprit. Il semble en tout cas avoir modifié la perception du grand public. La consultation en ligne lancée au lendemain de l’élimination des Bleus par L’Equipe est sans équivoque : plus de 75 % des personnes y ayant pris part au moment de la publication de cet article souhaitent le voir quitter son poste. Après la finale de la Coupe du monde 2022 perdue contre l’Argentine, une majorité (55 %) voulait qu’il poursuive sa mission.
Un fossé semble s’être creusé entre les supporteurs, qui en attendaient plus de l’équipe de France, et les joueurs ou le staff, satisfaits d’avoir atteint les demi-finales. Il ne faut « pas banaliser » les performances tricolores, insiste Didier Deschamps. Les Bleus se sont qualifiés pour le dernier carré en maîtrisant la plupart de leurs adversaires – dont les Pays-Bas ou la Belgique – et en conjurant, face au Portugal, leur « malédiction » des tirs au but, autre sujet sensible qui a valu son lot de critiques au sélectionneur ces derniers mois.