C’est dans sa maison de Bennington, dans l’Etat du Vermont, aux Etats-Unis, que Jamaica Kincaid nous reçoit virtuellement. Derrière elle, on distingue l’une de ses bibliothèques, celle qui est entièrement dévolue à l’art du jardin. Ce jour-là, l’écrivaine américano-antiguaise – elle est née en 1949 à Antigua, l’une des deux îles principales composant Antigua-et-Barbuda, à l’intersection de l’Atlantique et de la mer des Caraïbes – arbore un tee-shirt à la gloire de Kamala Harris. Elle explique qu’après la campagne électorale elle a conservé devant chez elle la pancarte de soutien à la candidate démocrate – sa façon à elle de lutter contre ce qu’elle appelle la « présence maléfique de Trump ». Autour, elle a planté des drapeaux, « un ukrainien, un palestinien, un arc-en-ciel, un drapeau Black Lives Matter, et bientôt un mexicain, qu[’elle] vien[t] d’acheter ». « Vous voyez, je suis devenue un porte-drapeau ambulant… », résume-t-elle en riant.

Son engagement n’est pas nouveau. Lorsque Jamaica Kincaid (de son vrai nom Elaine Cynthia Potter Richardson) naît à Saint John’s, la capitale d’Antigua, l’île est encore sous domination britannique – ce n’est qu’en 1981 qu’elle deviendra indépendante, en tant que royaume du Commonwealth. Dès l’enfance, comme elle le raconte dans son premier roman, Annie John (1985 ; Belfond, 1986), la jeune fille supporte mal de voir « les descendants d’esclaves célébrer l’anniversaire de la reine Victoria ». « Je ne pouvais pas croire qu’on nous faisait apprendre par cœur des textes sur des lieux et des choses que nous ne verrions jamais », expliquait-elle en 2022 dans une interview à la Paris Review.

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