Prenez toutes les formes de régime politique que vous connaissez, mélangez et tirez-en deux au sort : vous obtiendrez à coup sûr une tentative de définition du trumpisme. La pratique du pouvoir de Donald Trump range certes les Etats-Unis du côté des démocraties illibérales, comme la Hongrie de Viktor Orban. Mais la version américaine de l’illibéralisme, par son alliance avec les magnats de la Silicon Valley, tire-t-elle plutôt vers le techno-libertarisme d’un Elon Musk ou vers un nationalisme chrétien d’inspiration réactionnaire, incarné par J. D. Vance ? Le fossé entre le déploiement d’une rhétorique populiste et ses politiques objectivement favorables à une élite économique ne permet-il pas aussi de le qualifier de régime plouto-populiste, alliant démagogie et oligarchie ?
A moins qu’avec sa volonté de destruction du gouvernement, ses privatisations, son hostilité au pouvoir fédéral, il ne se rapproche du courant anarcho-capitaliste du libertarianisme ? Mais que faire alors des tarifs douaniers ou du contrôle des frontières, qui vont précisément à l’encontre de l’orthodoxie libertarienne ? Tous ces termes sont utilisés pour décrire le trumpisme. Et il y en a d’autres.