A Nice, la bataille entre Eric Ciotti et Christian Estrosi s’envenime dans la perspective des municipales de 2026

« C’est notre dissolution à nous » : c’est de cette manière que les élus de la métropole résument l’annonce de Christian Estrosi, mercredi 10 juillet, en fin de conseil métropolitain. Le maire de Nice, aussi président de la métropole Nice-Côte d’Azur, a créé la surprise en prenant la parole en fin de séance pour annoncer sa démission de la tête de la métropole.

« Mes chers collègues, une période s’achève », a-t-il entamé, la mine grave, une fois l’ordre du jour terminé. La décision, prise quelques heures plus tôt, a surpris de nombreux élus, jusque dans son propre camp. « Pendant une décennie, nous sommes parvenus à être un lieu où on ne pinaillait pas sur des étiquettes et des fidélités croisées, a-t-il continué. Ce modèle n’a pas survécu aux profondes fractures qui divisent notre pays. »

Plus direct, il ajoutait quelques heures plus tard, dans Nice-Matin, que « les membres fondateurs de la métropole étaient tous en totale harmonie, tournés vers la solidarité. Ils ont été remplacés en cours de route par des individualités qui (…) ont considéré que la métropole pouvait être un puits sans fond qui répond à tous leurs caprices. » Un tacle à peine dissimulé à certains élus des vallées membres du conseil métropolitain, qui unit 49 communes des Alpes-Maritimes, et dont plusieurs se sont ralliées à Eric Ciotti. Son ennemi juré, président contesté du parti Les Républicains (LR) depuis son ralliement au Rassemblement national (RN), en juin.

M. Estrosi avait été élu à la présidence de la métropole dès sa création en 2012. Mais aujourd’hui, face aux scores de ses soutiens locaux aux élections législatives anticipées, M. Estrosi est affaibli et compte ses troupes. Après la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, le 9 juin, le maire de la capitale azuréenne a perdu plusieurs bastions sur son territoire. A la sortie des urnes, trois de ses candidats dans les Alpes-Maritimes (Philippe Pradal, Graig Monetti et Gaël Nofri) se sont inclinés face au camp ciottiste.

M. Estrosi, donc, sous-pèse désormais ses soutiens et « fait le ménage », résume un de ses proches. A commencer par le conseil métropolitain. Car, juste après avoir annoncé sa démission, il a indiqué qu’il sera de nouveau candidat à ce poste de président.

Avec l’assurance d’être réélu le 18 juillet grâce aux votes des communes amies de Saint-Laurent-du-Var et Cagnes-sur-Mer, M. Estrosi utilise donc sa démission pour réorganiser l’exécutif de la métropole, à l’occasion d’un nouveau scrutin. « Nous ne pouvons pas tolérer que des membres de l’exécutif, c’est-à-dire des présidents de commission ou des vice-présidents, soient des alliés du RN, estime Anthony Borré, premier adjoint à la mairie de Nice. Ils ont trahi les valeurs de la République. » La stratégie est claire : éloigner les élus ayant accepté le rapprochement avec le parti lepéniste, et obliger les rares personnes à ne s’être pas encore prononcés à « choisir un camp ».

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