Ce lundi midi, au temple des Lamas de Pékin, une rangée d’étudiants s’agenouille devant le pavillon du bonheur infini, leurs bâtons d’encens levés au ciel. Un moinillon assis contre un mur contemple la scène en égrenant un collier… avant que deux jeunes femmes hilares ne l’approchent pour tenter un selfie. Derrière eux se dresse un « bureau de logistique juridique » couleur ocre, en réalité une boutique d’objets consacrés contrôlée par les moines. « Nous sommes le seul canal de gestion des fournitures bouddhistes », avertit un panneau marquant le début d’une longue file indienne.

D’autres croyants patientent devant le bureau suivant pour y faire consacrer leurs propres objets de méditation : un panneau de « conseils aimables » rappelle que « conformément aux rituels bouddhistes, les cartes d’identité, permis de conduire, billets d’entrée ne nécessitent pas de consécration ».

Dans les temples bouddhistes chinois, le sacré et le lucratif se confondent dans un ballet bien rodé. Et parfois l’un prend ostensiblement le dessus. Ce fut le cas avec le temple Shaolin, fondé en l’an 495, perché dans les montagnes du Henan. Mêlant bouddhisme zen et enseignement du kung-fu, le monastère s’est transformé ces trente dernières années en multinationale, prêtant son nom à plus de 700 entreprises, des chaussures de sport aux protections de lunettes de W-C… Il a accueilli de nombreuses personnalités – de Vladimir Poutine en 2006 à Victor Wembanyama en 2025 –, lancé des académies en Occident, organisé une tournée mondiale annuelle de spectacles de kung-fu… jusqu’à générer un revenu annuel de 1,2 milliard de yuans (143 millions d’euros).

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