Le prochain recensement aux Etats-Unis doit avoir lieu en 2030, mais les préparatifs ont déjà commencé pour cette tâche colossale dans un pays de plus de 340 millions d’habitants, et Donald Trump compte bien imprimer sa marque sur cette opération qui revêt des conséquences électorales.

Le président américain souhaite ainsi exclure du décompte national les personnes sans papiers légaux, alors que la Constitution prévoit qu’un recensement soit effectué tous les dix ans en comptant « l’ensemble des personnes dans chaque Etat », dont les immigrés en situation irrégulière.

« J’ai demandé à notre ministère du commerce de commencer immédiatement à travailler sur un nouveau recensement très précis, basé sur les faits et les chiffres actuels (…). Les personnes qui se trouvent illégalement dans notre pays NE SERONT PAS PRISES EN COMPTE DANS LE RECENSEMENT », a écrit Donald Trump sur sa plateforme, Truth Social.

Le républicain a effectué cette demande car le recensement sert notamment à déterminer le nombre de membres du collège électoral, Etat par Etat, pour l’élection présidentielle, mais aussi à déterminer le nombre d’élus de chaque Etat au Congrès américain. Le Pew Research Center estimait ainsi en 2020 qu’en retirant les immigrés sans papiers du recensement américain, la Californie, le Texas et la Floride auraient chacun perdu un siège au Congrès.

Certaines figures conservatrices ont appelé jeudi à ne pas attendre 2030 et à effectuer un nouveau recensement dès que possible, comme l’influenceur Charlie Kirk qui a dit vouloir corriger le recensement de 2020, « foiré », selon lui, en défaveur des républicains dans un contexte de Covid-19.

Donald Trump avait déjà tenté lors de son premier mandat de changer les règles établies, notamment en incluant une question sur la citoyenneté dans les documents de recensement. Mais cette mesure avait été rejetée par la Cour suprême, sans que celle-ci ne se prononce pour autant sur le fond sur la question de la présence des immigrés clandestins dans le recensement.

Sa proposition s’inscrit dans la continuité de la pression qu’il exerce sur les responsables républicains de plusieurs Etats, en particulier au Texas, pour redécouper la carte électorale en leur faveur, une technique nommée « gerrymandering ». Le républicain agit en amont des élections de mi-mandat de novembre 2026, où le parti au pouvoir perd traditionnellement du terrain, et alors qu’il ne dispose que d’une fine majorité actuellement à la Chambre des représentants.

« J’ai gagné le Texas », s’est-il vanté, mardi, sur la chaîne CNBC, expliquant qu’avec cette avance lors de la dernière présidentielle, les républicains avaient obtenu le droit de décrocher « cinq sièges de plus » au Congrès, d’où la nouvelle carte électorale présentée la semaine dernière par les responsables républicains de cet Etat du sud.

Dans une tentative d’empêcher un vote au parlement texan pour entériner ce nouveau découpage, les élus démocrates ont fui dimanche l’Etat, se réfugiant notamment à Chicago ou à New York. En leur absence, le quorum n’était pas atteint, ce qui a poussé le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, à les menacer d’arrestation et de déchéance de leur mandat s’ils ne revenaient pas rapidement.

Le sénateur républicain John Cornyn, élu du Texas, a annoncé jeudi avoir obtenu de la police fédérale, le FBI, qu’elle aide à retrouver les démocrates qui ont fui l’Etat. Mais J. B. Pritzker, le gouverneur démocrate de l’Illinois où se situe Chicago, lui a répondu que « ni le Texas, ni le FBI au niveau fédéral ne sont habilités à arrêter » ces élus. « Il n’existe aucune jurisprudence, aucune loi en ce sens », a affirmé à MeidasTouch le milliardaire démocrate, à qui beaucoup prêtent des aspirations pour la présidentielle de 2028.

Au-delà du Texas, la Maison Blanche vise à redessiner la carte de nombreux autres Etats à majorité républicaine, comme l’Ohio ou la Floride. Le vice-président, J. D. Vance, continue ainsi l’offensive dans l’Indiana, jeudi, pour convaincre les responsables républicains d’opérer ce redécoupage plus tôt que prévu.

Plusieurs gouverneurs démocrates ont menacé de redécouper à leur tour la carte électorale de leur Etat, comme le Californien Gavin Newsom, qui a dit vouloir « combattre le feu par le feu ». Mais à l’inverse du Texas, où le processus légal permet ce redécoupage relativement facilement, les Etats démocrates ont pour beaucoup mis en place des garde-fous législatifs, voire constitutionnels. Il sera donc compliqué pour eux de compenser les sièges potentiellement perdus ailleurs.

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