Harceler les intellectuels démange les autorités russes, qui ont réussi, ces dernières années, à purger le pays de la plupart de ses talents. Ludmila Oulitskaïa, Vladimir Sorokine, Mikhaïl Chichkine, Dmitri Bykov, Dmitri Gloukhovski, Kirill Serebrennikov : on ne compte plus les écrivains et les artistes de renom contraints à l’exil, tandis que la metteuse en scène de théâtre Evguénia Berkovitch et la dramaturge Svetlana Petriitchouk, moins chanceuses, purgent actuellement une peine de six ans de prison pour une pièce ayant déplu au pouvoir.
Même en exil, le Kremlin a toujours les dissidents à l’œil, l’écrivain Boris Akounine en sait quelque chose. A la mi-juillet, il a été condamné en absence à quatorze ans de prison par un tribunal moscovite. Exilé à Londres depuis 2014, cet ardent critique du régime de Vladimir Poutine et de la guerre en Ukraine assiste de loin à sa mise à mort littéraire. En 2023, tous ses livres ont été retirés de la vente et son nom a été ajouté au registre des personnes « terroristes et extrémistes » régulièrement mis à jour par les services russes.