Chez Ayn Rand, l’irrésistible attirance pour la domination du « mâle alpha » façon Elon Musk

Un beau jour de 2020, Elon Musk annonce au micro du podcasteur Joe Rogan qu’il a vendu toutes ses luxueuses propriétés. Il vit à Boca Chica, au Texas, dans l’une de ces maisonnettes dont les propriétaires ont été chassés par l’extension de l’astroport de SpaceX. Soit une bicoque meublée sans apprêt et décorée façon chambre d’ado, avec des posters de science-fiction. Au fond du jardinet, sa compagne d’alors, la chanteuse Grimes, y dispose d’un cabanon-studio.

Depuis le président Abraham Lincoln (1809-1865) et le philosophe Henry David Thoreau (1817-1862), la cabane est le symbole, aux Etats-Unis, du grand homme voué à sa mission. Au XXe siècle, cette image d’Epinal évoque une cité secrète dans les montagnes du Colorado. Une communauté de savants et d’entrepreneurs y prospère, modeste, mais libre, à l’abri d’un Etat fédéral tyrannique. Telle est l’Atlantide imaginée par la romancière Ayn Rand (1905-1982) dans l’un de ses best-sellers.

Atlas Shrugged, paru en 1957, et traduit sous son titre de travail La Grève (Les Belles Lettres), est un marqueur du fossé culturel franco-américain. En France, le roman n’a été publié qu’en 2011 et accueilli par un silence glacé. Cet éloge au long cours de l’esprit d’entreprendre, de plus de 1 000 pages, a été vendu à plus de dix millions d’exemplaires aux Etats-Unis, où il serait l’ouvrage le plus influent après la Bible, selon une enquête de lectorat de la fin du XXe siècle. Considéré dans Le Monde par l’essayiste Guy Sorman comme le coran de la galaxie réactionnaire, l’œuvre de Rand est citée comme une influence par des personnalités aussi diverses que l’acteur Brad Pitt ou le lanceur d’alerte Edward Snowden.

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