L’université publique de Californie (UC) a annoncé, vendredi 8 août, que le gouvernement américain lui réclamait une amende de 1 milliard de dollars (860 millions d’euros environ) pour les manifestations propalestiniennes survenues en 2024 sur son campus de Los Angeles, mondialement connu sous le nom de UCLA.
Ce montant faramineux représente près de cinq fois ce que l’université privée new-yorkaise Columbia a consenti à payer, fin juillet, pour régler un différend sur des accusations d’antisémitisme qui aurait proliféré sur son campus lors du mouvement du printemps 2024 contre la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza.
« En tant qu’université publique, nous sommes dépendants des ressources du contribuable et un paiement de cette ampleur détruirait complètement le meilleur système universitaire public du pays et ferait un mal immense à nos étudiants et à tous les Californiens », a déclaré, à la presse, le président de l’université de Californie, James Milliken, qui a pris ses fonctions il y a à peine une semaine.
D’après ce responsable qui chapeaute dix campus, dont le plus important à Los Angeles, siège des manifestations en 2024 et dans le collimateur de l’administration Trump, l’université a reçu, vendredi, la demande du gouvernement fédéral. M. Milliken a invoqué le « travail crucial que réalisent UCLA et le réseau UC en matière de recherches technologique et médicale, afin de sauver des vies, faire croître l’économie américaine et préserver la sécurité nationale ».
Le réseau UC, situé dans l’Etat le plus peuplé et le plus riche du pays, est considéré comme le meilleur système d’enseignement supérieur public des Etats-Unis, où les prestigieuses universités privées pratiquent des frais prohibitifs.
UCLA avait été vivement critiquée pour sa gestion de la dispersion d’un campement de manifestants propalestiniens en 2024. Des contre-manifestants l’avaient attaqué. Les affrontements avaient duré des heures, blessant plus d’une douzaine de personnes, avant l’intervention de la police. Le lendemain, plus de 200 autres, défiant l’ordre émis de quitter le campus, avaient été arrêtées. Plus tard, des étudiants juifs avaient déclaré que des manifestants les avaient empêchés d’accéder aux cours.
D’après des médias en Californie, le gouvernement Trump exigerait également que l’université verse 172 millions de dollars à ses étudiants juifs qui se seraient sentis discriminés et intimidés lors du mouvement des campus.
UCLA a déjà conclu un accord concernant les manifestations de 2024. L’université a récemment accepté de verser 6 millions de dollars pour régler une action en justice intentée par trois étudiants et un professeur juifs qui affirmaient que l’université avait violé leurs droits civiques en autorisant des manifestants propalestiniens à bloquer leur accès aux cours et à d’autres zones du campus en 2024.
Depuis son retour au pouvoir le 20 janvier, le président Trump, allié indéfectible d’Israël, ne cesse d’accentuer les pressions sur les universités en gelant, dans le cas de Columbia, des centaines de millions de dollars de subventions versées par l’Etat fédéral pour la recherche. Après l’accord à 221 millions de dollars scellé entre l’université new-yorkaise et le gouvernement américain, des experts ont dénoncé un « précédent dévastateur » dans cette offensive « autoritaire » menée contre l’enseignement supérieur aux Etats-Unis.
Le New York Times rapportait aussi la semaine dernière qu’un accord à 500 millions de dollars serait en préparation entre l’administration Trump et la plus ancienne université du pays, Harvard.
Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, grand opposant à Donald Trump, a accusé, vendredi, le président américain de tenter de faire taire la liberté académique. « Il nous a menacés d’une amende de 1 milliard de dollars si nous n’obéissions pas à ses ordres », a-t-il déclaré aux journalistes. Faisant apparemment référence aux accords signés par Columbia et l’université Brown dans l’Etat du Rhode Island, il a ajouté : « Nous ne serons pas comme certaines autres institutions, qui ont suivi une voie différente. »