La plateforme Kick, sur laquelle la mort du streameur Jean Pormanove avait été diffusée en direct, le 18 août, après douze jours de diffusion non-stop et de multiples brimades et violences, est sortie de son silence. Elle critique fortement la « désinformation » diffusée selon elle par des « politiques français ».
Dans un communiqué publié jeudi 28 août et transmis au Monde, l’entreprise australienne s’en prend notamment à la ministre chargée de l’intelligence artificielle (IA) et du numérique, Clara Chappaz. Cette dernière a annoncé, mardi, vouloir lancer une nouvelle procédure judiciaire contre Kick, pour manquement à ses obligations de modération, en complément d’une enquête ouverte ce même jour par le parquet de Paris.
« Nous restons impliqués dans la coopération avec les autorités [françaises] et nous sommes déçus d’avoir appris la procédure lancée par la ministre dans la presse, ce qui suggère qu’il ne s’agit pas de sécurité des créateurs ou des consommateurs, ou du bien-être de l’industrie, mais d’une argumentation politicienne qui cherche à tirer parti d’une perte tragique, écrit la plateforme. Nous espérons qu’il sera possible de travailler sereinement avec les autorités françaises et de corriger les fausses informations qui circulent. »
Kick argue par ailleurs que la chaîne de Jean Pormanove diffusait du « contenu typique d’un livestream et d’une chaîne de jeux vidéo » et que son existence était bien connue, « à la fois des forces de l’ordre, de la ministre Clara Chappaz et [du régulateur français] l’Arcom ». L’entreprise, assure-t-elle, « n’a jamais reçu de demande de retrait de contenus ou de fermeture de compte que nous aurions rejetées ».
La chaîne était en effet connue des pouvoirs publics, notamment depuis la publication, en décembre, d’une enquête de Mediapart à son sujet. Les services du ministère de l’intérieur ont reçu au moins 80 signalements la concernant, selon Clara Chappaz, et les deux costreameurs de Jean Pormanove, connus sous les pseudonymes Safine et Naruto, avaient été placés en garde à vue en janvier après l’ouverture d’une première enquête, puis remis en liberté.
Les vidéos diffusées n’étaient, en revanche, pas tout à fait « typiques ». Si la chaîne montrait des parties de jeu vidéo ou des moments de discussion, façon libre antenne, elle était aussi centrée sur les brimades qu’y subissaient Jean Pormanove et un autre streameur, Coudoux, allant des humiliations aux coups, ainsi qu’aux étranglements.
Lui-même et ses acolytes ont assuré, par le passé, qu’il s’agissait de contenus scénarisés. Et l’autopsie réalisée la semaine dernière a conclu que le décès n’était pas dû à l’intervention d’un tiers, mais probablement à des causes d’origines médicales ou toxicologiques – l’analyse de prélèvements, elle, est toujours en cours.
L’influenceur, qui s’appelait Raphaël Graven à l’état civil, a été inhumé mercredi à Contes, près de Nice. Ses trois costreameurs, Coudoux, Safine et Naruto, étaient présents aux obsèques. Ce dernier a annoncé jeudi la fermeture définitive de la chaîne.