L’invitation faite par François Bayrou, au « 20 heures » de TF1 mercredi 27 août, aux chefs de parti et de groupe parlementaire de se rencontrer à Matignon pour « regarder les choses » avant le vote de confiance sur la dette et le budget, a priori perdu d’avance, qui interviendra le 8 septembre à l’Assemblée, ne semble pas avoir fait changer d’avis les oppositions.
Déterminé à se battre « comme un chien » pour remporter ce vote de confiance, le premier ministre s’apprête ainsi à recevoir les chefs de parti la semaine prochaine. M. Bayrou s’est dit prêt à « ouvrir toutes les négociations nécessaires » à la « condition préalable » d’un accord sur « l’importance de l’effort » à consentir dans le prochain budget. « Est-ce qu’on s’accorde sur la gravité et sur l’urgence ? », a-t-il insisté, ajoutant qu’il « reste douze jours, c’est très long pour parler ». Mais peut-être trop peu pour inverser un rapport de force nettement défavorable.
Le leader « insoumis » Jean-Luc Mélenchon a rejeté le « discours populiste » d’un François Bayrou qui « effraie et ment », et a appelé à le « chasser » le 8 septembre. Le coordinateur de La France insoumise (LFI), Manuel Bompard, a confirmé sur X que sa formation ne participerait pas « à l’opération de sauvetage que le premier ministre tente désormais d’initier ». « Nous n’irons donc pas à Matignon la semaine prochaine », a-t-il affirmé. Le 8 septembre, « nous ferons partir Bayrou et sa politique de malheur » et le 10 septembre « nous nous mobiliserons partout en France pour faire partir Macron », a-t-il conclu.
Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a déploré mercredi soir sur X la « désinvolture » du premier ministre, sans dire dans l’immédiat s’il se rendrait à Matignon. Tout comme la cheffe des Ecologistes, Marine Tondelier, sur LCI, qui réserve elle aussi sa réponse mais « se demande pourquoi il [les] invite à discuter ».
Au Rassemblement national (RN), Marine Le Pen a dénoncé le « mensonge » du premier ministre – qui a affirmé mercredi sur TF1 qu’il n’avait pu contacter les oppositions pendant l’été car elles étaient « en vacances ».
« Cette déclaration non seulement n’est pas à la hauteur, mais venant de quelqu’un qui se tourne les pouces depuis cinquante ans en politique (…), c’est assez dérangeant », a fustigé jeudi le vice-président du parti, Sébastien Chenu. Le RN se rendra à Matignon la semaine prochaine, s’il est invité par M. Bayrou, mais pas pour négocier sur le vote de confiance du 8 septembre car « il est trop tard », a-t-il jugé. « Monsieur le premier ministre, vous avez laissé passer beaucoup d’occasions de construire un budget au bénéfice des Français, a déclaré M. Chenu sur TF1. La page est tournée. Le dialogue, c’était avant. »
Le ministre des outre-mer, Manuel Valls, a appelé sur Europe 1 et CNews à un « sursaut » des formations politiques de gouvernement « pour trouver un accord sur le budget » avant le vote de confiance. « Sinon, quelle est la solution ? », a ajouté l’ancien premier ministre, pour qui une dissolution serait, « pour les formations politiques de gouvernement, pour Les Républicains, le bloc central, le Parti socialiste aussi, la menace d’une quasi-disparition et de se retrouver sous la menace de LFI [La France insoumise] et du Rassemblement national ».
Emmanuel Macron, avait apporté « son total soutien à la démarche » de M. Bayrou lors du conseil des ministres, mercredi matin, appelant lui aussi à « la responsabilité » des forces politiques « qui souhaitent être des partis de gouvernement ».
Comme le prévoit l’article 49.1 de la Constitution, le conseil des ministres a autorisé le premier ministre à engager la responsabilité du gouvernement. La décision de l’exécutif ouvre cependant une nouvelle période d’incertitudes qui place de nouveau M. Macron en première ligne. Car les oppositions de gauche et d’extrême droite ont fait savoir qu’elles ne voteraient pas la confiance, le gouvernement a donc toutes les chances de tomber.